Blackwashing : si le vrai problème de la série « Queen Cleopatra » était l’invisibilisation des métis de noirs par des acteurs noirs ?

C’est ce 10 mai 2023, journée mondiale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, que Netflix a choisi de rendre disponible en France la série « Queen Cleopatra », qui fait polémique de « blackwashing », en ce qu’elle présente une reine Cléopâtre noire.

Si en France, l’audiovisuel met en avant des acteurs métis de noirs tout en prétendant assurer  la visibilité des noirs (au motif jamais avoué que le métis serait le fantasme sexuel des noirs et des blancs donc qu’il ramènerait deux fois plus de clients) ; à l’inverse, le monde anglo-saxon, dans une nouvelle optique de « blackwashing » (faire incarner par des acteurs noirs des personnages qui ne sont pas noirs), n’hésite plus à invisibiliser les métis pour les remplacer par des noirs…

Chronique d’un nouvelle forme de panafricanisme, qui exclut désormais les noirs des métis.

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Voilà bien soixante ans, en fait depuis la fin des régimes coloniaux, que l’Afrique se cherche une Histoire qui n’est pas la sienne.

Parce que des gens qui ne veulent pas le développement de l’Afrique prétendent qu’il faudrait impérativement connaître son passé pour gérer son présent et préparer son futur, et ainsi détourner l’attention d’un certain nombre d’autres problèmes.

Du coup, ils encouragent les Africains à montrer, de manière très paradoxale, qu’il vivait comme les Européens et mieux que les Européens, mais avant les Européens. Par exemple avec la charte du Manden, présentée comme une déclaration des droits de l’Homme avant l’heure.

La dernière mode serait ainsi de dire que Cléopâtre était en fait une reine nubienne qui régnait sur un territoire qui couvrait le tiers de l’Afrique et allait jusqu’au Congo.

Et même s’il n’y a aucune source historique qui atteste de cela, cette idée est de plus en plus présente sur les réseaux sociaux, et notamment défendue par les jeunes.

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Revenons à la série de la reine Cléopâtre, à la sauce Netflix.

Pourquoi une actrice noire ne pourrait-elle pas jouer un rôle de métis ? Ou d’ailleurs tout autre rôle, y compris un rôle de blanc ?

Le problème avec cette série n’est pas tant que la reine égyptienne ne pouvait historiquement pas être noire, en tant que si Cléopâtre est vraiment la fille de son père, qui était un Grec blanc, et en admettant que sa mère soit noire, alors c’est au mieux une métisse de noire…

Que le fait que les concepteurs de la série, dans cette optique panafricainiste affirment ouvertement que la Cléopâtre historique est noire, parce qu’ils veulent réécrire l’Histoire d’une Afrique mythique ; une sorte de Wakanda (pour ceux qui ont vu Black Panther), où l’on utilisait déjà l’électricité au travers des pyramides d’Égypte si on écoute GIMS… Une Afrique unifiée, dominante technologiquement, avec ou sans vibranium, dont les noirs pourraient être fiers.

Bref, ils présentent comme étant de l’Histoire, ce qui n’est que fiction et idéologie.

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Aissa MAÏGA a raison de compter les noirs dans l’audiovisuel français.

Parce que proportionnellement à leur part dans la population française, ceux-ci sont minoritaires à la télévision et au cinéma.

Et effectivement trop souvent remplacés par des métis ; avec là encore, la limite qu’un bon acteur est censé pouvoir tout jouer, dans le sens de faire oublier la couleur de son personnage, sans même besoin de « blackface ».

D’autant que si les blancs se choquent de voir un noir jouer le rôle qui serait réservé à un blanc, la réciproque est vraie des noirs qui se choquent de voir un blanc jouer le rôle d’un noir et d’ailleurs de plus longue date pour cette seconde situation qui existe depuis plus longtemps.

Pour autant, la prise de conscience doit-elle passer par l’excès inverse, et les noirs, pour interpeller les blancs, doivent-ils tomber dans les mêmes travers ? Être dans le ressenti et faire maintenant ce qu’ils ont reproché qu’on leur fasse pendant des années ?

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La question de la race n’a jamais été autant d’actualité.

Probablement du fait du paradoxe qu’alors qu’on a invisibilisé le concept non scientifique de races, qu’on ne cherche plus à déconstruire parce qu’il ne faut plus en parler, on a jamais autant parlé de racisme et d’antiracisme, ce qui sous-tend de l’existence de races.

Or, lorsqu’on regarde ce qui fait le succès d’une série comme Les chroniques de Bridgerton, par rapport aux réseaux sociaux, ce n’est pas l’inclusivité que des blancs et des noirs jouent ensemble, ni même que des personnages historiquement d’une certaine couleur soit joués par des acteurs d’une autre couleur, avec l’affirmation qu’ils étaient de cette autre couleur, non, ce sont toutes les scènes de sexe dite interracial…

Et donc tout l’aspect idéologique est récupéré et effacé par un phénomène de marchandisation de la société ; de gens qui paient pour voir des blancs coucher avec des noirs. Lisez Twitter !

Et ainsi, c’est peut-être pire, car finalement, on exhibe des noirs pour faire de l’audience et des recettes ; une forme de nouvel esclavage moderne, avec la complicité active de ceux qui prétendent pourtant être éveillés et révoltés contre ces situations…

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