Mes souvenirs du 11 septembre 2001, par Olivier VAGNEUX

J’avais 9 ans 1/2 et j’avais fait ma rentrée en CM2 quelques jours auparavant. Rentré de l’école à l’heure du goûter, j’avais mis les dessins animés sur France 3, comme à mon habitude, bien décidé à profiter de mon mercredi (c’était un mardi). Sauf qu’il y avait une édition spéciale à la place. Sur le coup, ma première réaction a dû être de trouver parfaitement anormal qu’on ait déprogrammé MON émission. Et puis on m’a expliqué, et j’ai compris, avec les images qui passaient en boucle sur toutes les chaînes.

À écrire vrai, je ne me rappelle plus exactement ce que j’ai vu et quand. Je me rappelle surtout du deuxième avion se crashant dans la tour Sud, et des gens sautant depuis les fenêtres.

Je voyais, à l’anxiété des adultes, que ce n’était pas un film, dans lequel un crash d’avion pourrait n’être que relativement banal.

Mon premier réflexe d’enfant était de me dire que les gens n’étaient pas morts, mais qu’ils avaient tous réussi miraculeusement à se cacher quelque part, dans l’avion, dans des placards, sous les bureaux…

Je pensais à ceux qui pouvaient être bloqués dans les ascenseurs. Je déteste les ascenseurs, comme je déteste d’ailleurs beaucoup de choses. Je n’aime pas non plus l’avion, et encore moins depuis les images du crash du Concorde le 25 juillet 2000 qui m’avaient fait prendre conscience qu’on pouvait mourir en avion.

J’entendais des gens se demander où un tel attentat pourrait avoir lieu en France, et je me souviens d’un débat s’il fallait fermer la tour Montparnasse, et peut-être aussi La Défense.

Le soir, je n’étais pas rassuré mais je me remémore cette réflexion qu’une école n’est pas stratégique pour qu’on y crashe un avion dessus. Je me suis quand même endormi assez vite.

Je pense cependant que j’avais besoin de parler et d’extérioriser certaines choses.

Le jeudi matin, nous avions fait une minute de silence à l’école. Certains avaient demandé s’il était possible de faire une prière et j’avais donc récité un Notre Père dans ma tête, mais fait le signe de croix de manière visible, ce qui dans ces circonstances, n’avait choqué personne.

Dans la journée, nous avions aussi eu une discussion-débat, au cours duquel les enfants ne faisaient que répéter ce qu’ils avaient entendu à la maison. Car sans trop me rappeler ce qui avait été dit, je me souviens m’être fait cette réflexion que des enfants ne pouvaient pas avoir pensé cela tout seul.

Je me rappelle que j’étais intervenu en contre d’autres enfants qui disaient que les gens qui sautaient étaient « bêtes » parce qu’ils allaient se tuer en tombant. Et j’avais parlé de la peur qui fait qu’on ne se contrôle plus.

Ce mardi 11 septembre 2001, j’ai vraiment eu conscience de vivre un moment de l’Histoire en direct.

J’ai ressenti un sentiment que je n’ai revécu, dans des émotions comparables, qu’en 2003, le jour où il y a eu une édition spéciale pour l’entrée des troupes occidentales dans Bagdad (Irak) avec le déboulonnage en direct de la statue de Saddam HUSSEIN. Pourtant, cela n’a rien de comparable…

De mémoire, les théories du complot ont mis beaucoup de temps à apparaître, et ne connaissaient absolument pas l’écho qu’elles peuvent avoir aujourd’hui. La première a quand même dû être les papiers d’un des terroristes retrouvés dans les décombres.

20 ans après, à chaque fois que l’on parle du 11 septembre, me vient cette question de Michel ONFRAY, terriblement d’actualité : pourquoi, alors que les 19 terroristes étaient Saoudiens (15), Émiratis (2), Égyptien (1) et Libanais (1) sommes nous ensuite allés faire la guerre à l’Afghanistan et à l’Irak ?

Édit au 21/09/2021 : Je me rappelle aussi que nous nous étions longuement demandés le 21 septembre 2001 au moment de la catastrophe de l’usine AZF si ce n’était pas un premier acte terroriste en France dans la poursuite des attentats du 11 septembre 2001.