« Le Tigre et le Président » : le film qui veut réhabiliter Paul DESCHANEL

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« Inspiré de faits réels pour que cette histoire reste vraisemblable » : la limite de ce film est certainement bien résumée dans cet avertissement.

Il ne s’agit pas d’un récit historique ; et le spectateur qui, connaissant trop bien son Histoire, voudrait y confronter le scénario, ou retrouver des phrases ou des extraits de discours, n’en sera que nécessairement très déçu.

Non, il s’agit bien d’une sympathique comédie politique, qui nous permet de découvrir le travail de qualité du réalisateur Jean-Marc PEYREFITTE, qui nous propose nombre de scènes très travaillées, entre les plans filmées à la manière des années 1920 et les plans où l’acteur est situé sur un plateau en mouvement sans oublier les chorégraphies musicales sur des classiques très appropriés.

Une comédie devant laquelle on passe honnêtement un bon moment, pour peu qu’on s’intéresse un tant soit peu à la politique française des années folles (1920-1929).


Alors, de manière très française (N’oublions pas que notre nation s’est quand même construite sur cette sentence : « Brûle ce que tu as adoré. Adore ce que tu as brûlé »), ce film s’ingénie à démonter l’image de Georges CLEMENCEAU, qui passe vraiment pour un sale type, opportuniste et dédaigneux, face à un Paul DESCHANEL visionnaire qui a toutes les qualités de l’homme politique de 2022.

Candidat se revendiquant sans étiquette, le film lui prête la conscience de l’échec à venir du Traité de Versailles mais davantage des combats pour la liberté, la justice sociale, le vote des femmes, le suffrage universel direct, l’abolition de la peine de mort, le code du travail, les retraites, la création de l’école maternelle, la fonctionnarisation des boulangers… On en fait un homme moderne, proche du peuple, qui déteste le luxe et brise les codes, tout en utilisant savamment les médias (le cinéma et le disque).

Tout le film est construit, à la manière du Désert des Tartares, en ce qu’on attend un fameux grand discours, qui s’éloigne au fur et à mesure que DESCHANEL sombre dans une folie, qui pour les besoins du scénario, lui est amenée par du véronal, utilisée comme médicament face à sa fatigue de ne pas réussir à finir ce discours. Et la spirale infernale s’enclenche, qui le fera tomber du train…


On met un peu de temps à rentrer dans le personnage de CLEMENCEAU, malgré tout le travail de métamorphose, tant on y voit DUSSOLIER, et surtout on reconnaît sa voix, un long moment dans le début du film. À l’inverse, GAMBLIN (Le premier jour du reste de ta vie) sait mieux se fondre dans le personnage, alors qu’il lui ressemble moins physiquement, certainement parce qu’il est moins connu.

La chronologie est parfois un peu déroutante, et la distorsion de durée dans le traitement des événements est aussi légèrement perturbante. Le rythme parfois se casse, mais se reprend rapidement après.

Il y a sinon quelques scènes cocasses comme avec cette prostituée, jouée par Anna MOUGLALIS, que se partagent les deux hommes politiques ; ce costume de président, trop grand pour DESCHANEL car taillé pour CLEMENCEAU, ou encore cette accusation gratuite à l’encontre des Bolchéviques car comme Allemand, cela donne bien pour faire coupable.


Sur ce, je recommande, si la politique vous intéresse !




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