Sur le film « Notre Dame brûle » de Jean-Jacques ANNAUD que je recommande vivement

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Il est de ces événements qui marquent tellement l’Histoire qu’on se souvient tous de où l’on était et de ce que l’on faisait le jour où ils se sont produits. C’est le cas du 11 septembre 2001. Mais c’est aussi le cas de l’incendie de la cathédrale Notre-Dame-de-Paris le 15 avril 2019, brillamment reconstitué par Jean-Jacques ANNAUD dans son film « Notre-Dame brûle ». Incendie qui nous a tous touchés, au-delà de nos convictions, qu’elles soient ou pas religieuses, sans que nous soyons forcément bien capables de l’expliquer.

Dans notre inconscient se pose fatalement la question de connaître le coupable de l’incendie, à tout le moins les responsables. Et la grande force du film est de multiplier les pistes des causes, sans jamais faire prédominer l’une ou l’autre réponse : un système électrique vieillissant, un nouveau gardien inexpérimenté, le mégot d’un ouvrier qui fume malgré l’interdiction… Du pigeon qui se pose sur le système électrique des cloches au terroriste de Daech, tout est envisagé et exploité, mais absolument rien ne nous est donné.

Ce film à la réalisation léchée (et pas que par les flammes !) présente des plans magnifiques, qui au-delà de leur aspect esthétique, nous touchent parce qu’ils nous rappellent nos propres visites dans la cathédrale. Il nous parle de nous, de notre histoire personnelle et de notre relation au bâtiment Notre-Dame.

Grâce à sa musique, épique dans les combats contre le feu, le film nous plonge dans un sentiment de tension qu’il crée et entretient, sans jamais sombrer « dans l’anxiogène », tout en libérant un profond et envahissant sentiment d’apaisement au moment d’une fin, que Alerte divulgachâge !, nous connaissons pourtant déjà tous en entrant dans la salle, mais qu’il aurait presque réussi à nous faire oublier !

Le film, qui est encore une belle déclaration d’amour pour les pompiers, n’abuse pas de pathos. Il ne veut pas nous convaincre que l’incendie aurait pu être mieux maîtrisé ou qu’on aurait pu faire plus. Il nous plonge dans les mêmes obstacles concrets et stupides qu’ont subis les pompiers : les problèmes de circulation, les portes fermées à clé, l’absence du matériel adéquat, la fuite des colonnes sèches qui se percent au fur et à mesure qu’on les utilise, la personne âgée qui sature la ligne pour son chat parti sur le toit…

Quelques acteurs connus se partagent l’affiche : Samuel LABARTHE, Jean-Paul BORDES, Ludivine de CHASTENET, Élodie NAVARRE, mais qui s’effacent tous devant leurs personnages, à tel point qu’on dirait vraiment un documentaire ; un film de non-professionnels, avec les vraies personnes dans leur propre rôle. Certaines ne sont pas épargnées comme le recteur de la cathédrale.

La palme de la scène la plus mal jouée revient à Anne HIDALGO qui n’a absolument rien de naturelle ou de spontanée dans son intervention qui sonne faux de bout en bout. Il y a quelques autres scènes d’anthologie, notamment au moment de la recherche de la couronne d’épines, et nous tombons nécessairement dans le piège.

Enfin, deux scènes m’ont marquées ou gênées : cette régisseuse adjointe, qui est incapable d’employer un vocabulaire compréhensible pour les pompiers, et qui me rappellent ô combien trop l’Église qui s’enferme dans des langages seulement intelligibles par elle seule (et encore…). Et puis l’aumônier qui va sauver le Saint-Sacrement. Et de manière très violente, je suis ramené à cette Église du confinement, qui alors que des gens mourraient de la Covid, ne trouvait qu’à demander qu’on dise des messes. Dieu, pendant cet incendie, n’était-il donc pas davantage avec les pompiers que dans les espèces consacrées ? Cela m’a aussi rappelé le film Kingdom of Heaven et l’évêque de Jérusalem qui s’oppose à la crémation des corps. Et Balian d’IBELIN de lui répondre que si Dieu ne comprend pas, alors c’est qu’il n’est pas Dieu. Oui, j’affirme que Dieu aurait compris qu’on laisse brûler le Saint-Sacrement si cela avait permis d’autres actions. Vraiment, j’ai trouvé d’un ridicule l’intervention de l’aumônier avec le sergent IBRAHIM, quand bien même elle est avérée, avec en surplus, un petit relent « raciste » visant à convertir du musulman.

Le film s’achève par une mise en parallèle entre les efforts des pompiers et les badauds. Aimons donc à croire, parce que cela fait partie du merveilleux, que ce sont aussi les prières des fidèles rassemblés qui ont elles aussi sauvé Notre-Dame.

Au fait, quelqu’un a-t-il vu Laurent PRADES ?




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