Sur la panthéonisation de Joséphine BAKER, ou le fait-on pour les bonnes raisons ?

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Je n’ai rien contre Joséphine BAKER, et je trouve même très bien qu’elle figure au Panthéon.

Mais, car sinon il n’y aurait pas d’article, je ne suis personnellement pas certain qu’on l’y fasse entrer pour les bonnes raisons, et sinon pour faire plaisir aux bonnes personnes.

Et cette instrumentalisation me dérange !


La première chose, c’est que MACRON, à moins de six mois de la prochaine présidentielle, on te voit en train d’essayer de jouer au chef rassemblant la Nation et bref, d’incarner cette fonction qui n’aura désespérément pas été relevée sous ce quinquennat.

La seconde, à double tranchant, c’est que nous voyons très bien, tant par ce qui est repris par la presse, que dans les communications officielles, que dans le texte de la pétition à l’origine de la demande, que l’on fait cela au nom de la diversité, pour mettre une femme et précisément une femme noire.

On cite pourtant la résistante, l’artiste qui a fait rayonner la France, la compagne de lutte de Martin Luther KING, mais on sent que c’est toujours relégué derrière le politiquement correct de la décision. Et de compter les femmes déjà au Panthéon. Et puis les noirs. Et puis immanquablement de juger l’Histoire au regard des critères moraux d’aujourd’hui, en prétendant vouloir la rétablir. Enfin, plutôt la réécrire !


Alors déjà, une panthéonisation, c’est bien gentil, mais c’est purement symbolique. C’est-à-dire que ce n’est pas cela qui réduira les inégalités de salaires entre les femmes et les hommes, ni même qui fera cesser la pratique des contrôles au facies qui touchent statistiquement plus les noirs.

Maintenant, quitte à vouloir faire plaisir aux féministes et aux afro-féministes (que pour beaucoup, je ne trouve personnellement pas crédibles dès lors qu’elles sont en couple avec des hommes blancs…), je crois que cela va être complètement raté, parce que Joséphine BAKER appartient à son époque.

Précisément, c’est une femme noire, qui a fait avancé beaucoup de combats, mais qui en même temps s’est inscrite dans la société blanche, patriarcale et machiste de son époque, et jouait des stéréotypes dont on affublait les noirs (typiquement la ceinture de bananes), tout en étant elle-même perçue comme une blanche, ou dirait-on en langage sociologique décolonial, comme une « négresse de maison ».

La femme noire française de 2021 ne peut pas se reconnaître dans Joséphine BAKER.

Et non seulement, elle ne lui parle pas, mais elle aurait plutôt tendance à lui faire honte par rapport aux seuls clichés coloniaux que l’on retient d’elle aujourd’hui.


Je découvrais ces derniers jours les œuvres du poète et romancier martiniquais Edouard GLISSANT, et je me faisais la réflexion que ses concepts de mondialisation par le métissage ne passaient absolument pas chez les décoloniaux, qui ont besoin de camps, de races, de divisions ethniques, de pureté pour justifier tous leurs discours misérabilistes.

Effectivement, si la panthéonisation de Joséphine BAKER est faite d’abord pour faire plaisir à ces gens-là, à l’approche d’une élection, elle sera complètement ratée car très mal reçue. Et surtout, elle occultera les raisons légitimes d’installer cette merveilleuse femme au temple des « grands hommes ».



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