Hommage à Mgr Guy HERBULOT (1925-2021), évêque émérite du diocèse d’Évry Corbeil-Essonnes

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Guy HERBULOT s’en est retourné vers le Père, à l’âge de 96 ans, ce dimanche 1er août 2021 à 5 heures 10 du matin, des suites d’un cancer généralisé qui s’était tout récemment déclaré. Je voudrais lui témoigner ma gratitude pour tout ce qu’il a fait pour l’Église essonnienne, en tant qu’évêque d’Évry de 1978 à 2000, et pour l’Église universelle.

Guy HERBULOT était un précurseur visionnaire et un ecclésiastique profondément moderne. Si le grand public retiendra essentiellement de lui un bâtisseur de cathédrale, plus largement un bâtisseur d’Églises, avec la construction, au demeurant fort décriée pour son architecture novatrice mais incomprise, de la cathédrale de la Résurrection à Évry-Courcouronnes (et de feu le musée d’art sacré attenant qui servait aussi à des expositions profanes), c’est déjà le signe qu’il avait saisi la nécessité de déplacer le siège épiscopal du diocèse, qui était alors à Saint-Germain-lès-Corbeil, vers la ville nouvelle préfecture d’Évry, d’abord avec la construction de la maison diocésaine puis avec celle la nouvelle cathédrale pour remplacer la collégiale saint-Spire à Corbeil.

Rapidement après son installation, et à la suite de Mgr BESCOND dont il avait poursuivi les initiatives, il avait osé développer une pastorale particulière pour la zone verte, qu’il distinguait de la zone urbaine, simplement pour dire qu’on ne pouvait pas traiter, administrer ou vivre de la même manière dans des villes collées de plusieurs dizaines de milliers d’habitants et des petits villages distants d’à peine quelques centaines d’habitants.

Ce n’était déjà plus l’Église pyramidale qui appliquait dogmatiquement ses règles mais une Église proche des chrétiens qui s’adaptait aux réalités du terrain. S’en suivrait l’organisation du diocèse en secteurs pastoraux, eux-mêmes calqués sur les anciens doyennés, avec des équipes pastorales de secteur composés, fait nouveau, de prêtres ET de laïcs.

C’est aussi lui qui a lancé les deux premiers synodes du diocèse pour provoquer un aggiornamento des pratiques en partant du vécu et des demandes et besoins des chrétiens. À leur suite, il avait accompagné le développement d’une aumônerie catholique des hôpitaux et des prisons.

Dans l’Essonne verte, il encourageait les croyants à se prendre en main et les autorisait à pratiquer des ADAP (assemblées dominicales en absence de prêtre). Pour cela, il avait même mis en place une école de prédication laïque.

Car le père HERBULOT est celui qui a donné toute sa place aux laïcs dans le diocèse, davantage à des laïcs formés, agissant en coresponsabilité avec des prêtres. On lui doit notamment les FARE (formation à la responsabilité en Église).

Fait assez rare pour un évêque de l’époque, il n’était pas misogyne et n’hésitait pas à nommer des femmes à des postes à responsabilité.

C’est lui qui a développé en Essonne le diaconat permanent pour permettre à des hommes mariés de présider des célébrations de sacrement, en remplacement et au soutien des prêtres.

Il s’entourait de laïcs spécialisés dans tel domaine pour être conseillé par des gens qui connaissent leur sujet : les conseils diocésains de pastorale.

C’est encore lui qui a développé les équipes animatrices, dans lesquelles à l’époque les prêtres n’étaient pas les décideurs. Leur but était de permettre aux laïcs d’apprendre à s’organiser entre eux et pour eux mais aussi de les préparer au jour où il y aurait moins de prêtres.

Il avait encore soutenu le renouveau de la catéchèse, avec Pierres vivantes, qui était le premier document d’accompagnement de la catéchèse à offrir un accès direct aux textes bibliques aux enfants et à leur famille, en respectant une chronologie.

Mais c’est aussi un homme qui n’a pas été soutenu par Rome, oserais-je même écrire qu’il a été cassé par eux, pour toutes ses propositions qui apparaissaient à la fois révolutionnaires pour l’époque, mais surtout suscitaient la jalousie de ses coreligionnaires et la crainte d’une forme de remplacement des prêtres par des laïcs ; à tel point qu’il en est tombé en dépression vers 1988 et qu’il a en alors demandé à être relevé de ses fonctions qu’il a ensuite repris jusqu’à 2000.

Quand bien même plusieurs de ses idées seront reprises, quoique affaiblies, il a réellement vécu une injustice, qui est finalement celle d’avoir eu raison trop tôt dans les années 1980. Mais avec lui, l’Essonne catholique a été terre d’innovations, en avance de deux ans sur beaucoup d’autres diocèses de la province ecclésiastique d’Île-de-France et de France.

Toujours passionné par l’Essonne, cet Ardennais de naissance qui comme moi comptait un certain nombre de protestants dans sa famille, était revenu y vivre vers 2013 d’abord à Quincy-sous-Sénart puis à la maison des frères des écoles chrétiennes à Athis-Mons. J’ai eu cette chance de pouvoir déjeuner ou dîner plusieurs fois avec lui, et discuter très librement, d’autant qu’il n’était plus en fonction, de tous sujets dont nous poursuivions parfois les échanges par courriel jusque récemment. J’avais lu tous ses livres et je ne manquais jamais une de ses conférences. Il lisait assidûment Le Parisien, se tenait informé de toutes les actualités et me faisait des retours lorsqu’on parlait de moi. Il me demandait régulièrement des nouvelles de mon engagement politique…

Adieu Monseigneur. À Dieu cher Guy HERBULOT.





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