Sur la gratuité des préservatifs pour les mineurs…

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Je voudrais poser quelques réflexions sur l’annonce du président de la République qui a indiqué que les préservatifs deviendraient gratuits en pharmacie à compter du 1er janvier 2023, y compris pour tous les mineurs (les moins de 18 ans).

Ce qui n’a suscité aucun commentaire, tant il semble devenu évident, en cette fin d’année 2022, qu’il faille rendre accessibles des capotes qui ne sont toujours pas à la portée de toutes les bourses (en moyenne, 50 centimes €, tu te demanderais presque en quoi ils sont faits pour coûter autant).


En cause, la multiplication des infections sexuellement transmissibles (IST).

Ce qui me fait personnellement doucement sourire, parce que les IST les plus nombreuses aujourd’hui, eu égard à l’évolution des pratiques sexuelles, se propagent d’abord par les rapports buccaux, ensuite par les rapports digitaux, et ne passent donc plus par le sperme mais par la salive et/ou le sang, face auxquels le préservatif ne peut pas grand chose… Donc on en arrêtera toujours plus, quoique…

Mais il existe maintenant d’autres moyens de protection, dont le remboursement sera assurément la prochaine étape.


Ce n’est cependant pas là que je veux en venir.

D’abord, dire que ce n’est pas parce qu’on ne vend pas de moyens de protections aux mineurs qu’ils n’auront pas de rapports sexuels.

Mais dire aussi qu’à l’inverse, rendre accessible des moyens de protections qui ne l’étaient pas, va encourager, marginalement mais quand même, plus de rapports sexuels chez les mineurs.

Et là encore, il y a mineurs et mineurs. Il y a le mineur de 13 ans, à peine pubère, le mineur de 15 ans, qui est majeur sexuellement, et le mineur de 17 ans, qui a le corps sexuel d’un adulte.


Ce qui me dérange avec la gratuité des préservatifs pour les mineurs tient en deux éléments :

  • d’abord le fameux « Sortez couverts » de Christophe DECHAVANNE et compagnie ; qui me semble être une injonction à sortir, donc à coucher.

Et si ce n’est pas un ordre direct et personnel, cela envoie quand même le message que les gens bien couchent ; ce qui est paradoxal au moment où il n’y aurait jamais eu aussi peu de relations sexuelles dans la société, du fait d’une recherche autre que la sexualité.

(À la base par des bobos vegans, élevés au quinoa, qui veulent se détacher de tout ce qui rattache l’Homme à l’animal, dont le sexe, le tout étayé par un mouvement de conscience écologique selon lequel il y aurait trop d’humains sur Terre donc il faudrait arrêter de baiser, comme si le sexe n’était que reproductif – tu comprends mieux certaines de leurs frustrations…)

Injonction qui est en plus naturellement présente dans la société, et la culture occidentale contemporaine, parce qu’elle suit et visibilise une réalité sociale qui est que l’âge moyen du premier rapport sexuel ou du premier visionnage de film porno continue de baisser, mais donc aussi participe à cet abaissement.

  • ensuite, et surtout, parce que la sexualité des mineurs semble devenir une normalité.

Or, toutes choses étant égales par ailleurs, la sexualité des mineurs n’est pas une norme, ce qui ne veut pas dire non plus qu’elle n’est pas normale.

Et à nouveau, il faut discuter de ce qu’est un mineur, parce qu’on n’est plus vraiment un mineur lorsqu’on est pubère, mais que les changements du corps précèdent aussi ceux de ce qu’on dira l’esprit (le développement du cerveau continuant après la puberté, et ne pouvant d’ailleurs se développer dans un sens que parce qu’il y a la puberté).

Et en rendant les préservatifs gratuits, nous faisons de la sexualité des mineurs une nouvelle norme, là où nous continuons pourtant d’appliquer un régime de droit privilégié aux crimes et délits accomplis par les mineurs ; pour ne citer que cet exemple.

Et Léo FERRÉ avait certainement raison de chanter « On n’est pas sérieux quand on a 17 ans ».


Rendre le préservatif gratuit pour les mineurs, c’est changer la norme sociale qui jusque-là opposait le majeur sexué et le mineur asexué.

Bien sûr que le mineur est sexué, depuis la fécondation, mais il n’agit pas pareil selon les âges.

Un débat nécessaire serait de réfléchir à changer la limite entre minorité et majorité.

Mais faisons attention dans nos discours à ne pas supprimer l’altérité qui différencie le mineur du majeur.

Et c’est quand même un petit peu, ce qu’on est en train de faire, de manière assez déconnante, parce qu’on est sur une réaction de l’immédiat, avec MACRON qui répond à un tweet de DECHAVANNE sur un coup de tête, sans poser d’autres questions de société derrière.

Donc pourquoi pas le préservatif gratuit pour certains des moins de 18 ans, mais peut-être pas pour tous, et en tout cas, pas comme cela ?



3 commentaires

  1. Juste une petite précision, Les mineurs peuvent déjà obtenir des préservatifs gratuits auprès des infirmières scolaires. Le procédé me parait plus réfléchis car il permet aux infirmières scolaires si elles ont le temps d’aborder avec le mineur la sexualité et sa sexualité. Ce n’est pas le cas en pharmacie.

  2. 1) le freluquet mineur ne s’intéressait pas encore à sa prof de français quand a été lancé la capote à 100 balles (le préservatif à 1 franc soit 0,15€). Il nous refait une annonce similaire, sachant que les pharmaciens à l’époque n’en avaient jamais, et referons le coup !
    2) Une annonce qui n’intéressera que peu les lesbiennes (en 1987, on disait gouines, mais le terme est classé à connotation homophobe en 2022).
    3) Une annonce qui va en outre se télescoper avec les grandes théories du genre labellisée woke LGBTQIA++, où il va falloir désormais expliquer en plus que le préservatif est préférentiellement prévu à l’usage des personnes de sexe mâle biologiquement à la naissance.

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