Des offensives traditionnalistes dans l’Église : un chœur sans femmes, un chœur sans laïcs

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La venue d’un évêque dans une paroisse, eu égard aux moyens qu’on y consacre, trahit généralement l’image fantasmée de l’Église idéale que les responsables locaux souhaiteraient.

C’est un peu comme quand le ministre de la Justice se déplace en prison, on a fait le ménage avant et on ne lui fait rencontrer que des personnes détenues modèles qui ont été coachées pour l’occasion.

Et donc il est intéressant d’observer à quoi ressemble la messe paroissiale avec l’évêque, et de la comparer avec la messe ordinaire, avec laquelle elle n’a finalement que peu de choses à voir.

Et ce qui me frappe est cette facilité avec laquelle on a dégagé les laïcs, mais aussi avec laquelle ils se sont laissés sortir.

À la limite, aurait-on aussi aimé chasser les lecteurs, dernier rempart et dernier lien, s’ils avaient eu moyen de les remplacer…


1°) L’animateur liturgique (celui qui fait chanter l’assemblée).

Non seulement, il était sur la marche du chœur (on dira que c’était pour être mieux vu de la chorale).

Alors qu’il a un pupitre dédié dans le chœur.

Mais il n’a pas communié dans le chœur, à l’autel, comme c’est pourtant l’habitude.


2°) Les annonces, d’habitude lues par l’équipe d’animation pastorale

En Essonne, l’animation pastorale est partagée avec le prêtre par délégation.

Le prêtre est membre de droit de cette équipe, mais il n’en est pas responsable.

Il n’a pas de véto lors des votes, même s’il peut ensuite refuser d’appliquer.

Là, c’est le prêtre qui a lu les annonces, tache d’habitude dévolu à un membre laïc de cette équipe.


3°) Pas de filles servant d’autel

Il aura fallu attendre janvier 2021 pour que les filles soient légalement autorisées à servir la messe.

Sauf que le monde entier s’appuyait depuis janvier 1964 sur une constitution conciliaire pour le faire.

Et là, j’observe qu’on a fait venir plein de servants qui ne sont pas de l’église, et que parmi eux, ne se trouvaient aucune fille…


4°) La communion aux personnes âgées qui peuvent difficilement marcher

C’est d’habitude un laïc qui monte au chœur pour recevoir l’eucharistie pour les personnes qui ne peuvent pas suivre la file de communion, et qui ensuite la répartit.

Là, c’est un prêtre qui a fait le tour de ces personnes.


5°) Le service de l’autel

En temps normal, le prêtre est seul et il est parfois plus simple que ce soit un laïc qui l’aide, soit pour aller chercher le saint-Sacrement dans le tabernacle, soit pour aider les servants d’autel.

Ce qui est en fait le rôle du diacre ; qui est toujours présent, dans ce genre de célébrations.

Mais là encore, on offre un spectacle qui n’a rien à voir avec la réalité dominicale, et peut-être pire, on dédaigne tous ceux qui font ce travail habituellement.


6°) La procession des laïcs qui s’arrête juste devant le chœur

En temps normal, les laïcs, lorsqu’il y a procession, s’avancent jusqu’au chœur, s’inclinent et puis montent pour déposer ce qu’ils apportent devant l’autel.

Cette fois, on vient leur chercher, comme s’ils ne pouvaient pas aller plus loin.

Et même chose avec la quête…


Hypocrisie, c’est vraiment le mot qui me vient.

Parce qu’on fait pour la venue de l’évêque comme s’il y avait six prêtres en permanence, et qu’il n’y avait pas besoin des laïcs, et donc qu’on entretient une fiction, parce que dès dimanche prochain, il y aura de nouveau besoin des laïcs.

Alors, à l’heure où l’Église évolue, parce qu’elle est mise devant le fait accompli de la déchristianisation, et qu’elle revient sur des pratiques qui n’ont été mises en place qu’au XIIe siècle, je trouve incohérent de nier les nouveaux rôles habituellement et légalement confiés aux laïcs.

Mais plus que cela de dire que la vérité serait le fonctionnement de l’Église de 1100 à 1964, alors qu’il y a une Église, agissant avec les laïcs, qui a très bien fonctionné du Christ à 1100 ; tout au moins dans les premiers siècles.

Soyons donc bien conscient de cette offensive cléricaliste, qui se fait avec le consentement des laïcs, pourtant contre la volonté du concile et du pape.

Moi, je serai partisan que pour la venue de l’évêque, on lui montre vraiment ce qu’on vit.

Et pas le délire onirique de certains qui veulent juste faire plaisir à l’évêque ; et qu’on ne reverra en plus même pas forcément dimanche prochain !



Un commentaire

  1. On voit toute la veulerie des soumis qui se liquéfient sans même que l’autorité leur demande. Dans le monde du travail, c’est la même chose qui se produit quand les grands dirigeants visitent les lieux.

    Parfois, quelques trublions osent apostropher voir huer. Les impertinents sont vite recadrés et en cas d’échec à ce recadrage, l’autorité tourne les talons non sans esquisser un sourire crispé signe d’un mépris à peine dissimulé.

    À mon épouse qui me demandait si j’allais venir. Je lui répondis que Dieu reçoit tous les dimanches (et pas que ce dimanche là) et il reçoit même les autres jours !

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