Sur la dissolution du Genepi (Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées)

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J’apprends la dissolution du Genepi au nom du féminisme et de l’anticarcéralisme ! Rien que cela ! À mon avis, la réalité est plutôt qu’ils n’avaient plus personne à envoyer dans les prisons et qu’ils tentent ici leur dernier coup de communication, pour la plus grande joie de l’administration pénitentiaire et des personnalités politiques de droite, pour qui ils étaient une bête noire au même titre que l’Observatoire international des prisons.

Le Genepi était une association d’étudiants qui intervenaient en détention, principalement pour faire de l’enseignement.

Difficile à mon époque, au début des années 2010, de ne pas le connaître. Dans l’esprit étroit des gens qui travaillent en prison : jeune qui s’intéresse à la détention = gauchiste du Genepi.

C’est donc une association que j’ai côtoyée, sans en être, aux Journées nationales prison, aux opérations de colis de Noël en détention et enfin à la réunion des partenaires à laquelle j’ai participé à Fleury-Mérogis, à laquelle ils avaient un siège pour s’en prendre plein la gueule.

Et comme à l’OIP, ce sont essentiellement des jeunes bourgeoises gauchistes, étudiantes en droit, en mal de sensations, persuadées que les prisons sont remplies d’erreurs judiciaires, et qui vont en détention, comme d’autres vont au bal des pompiers du 14 juillet, avec sans doute le secret espoir de se faire tringler par tel ou tel bonhomme.

Personnellement, c’est parce que je suis sensible aux libertés que j’ai voulu voir les lieux de privations de liberté et que progressivement, des convictions se sont formées. J’avais quelques a priori comme les pyjamas orange et les barreaux des cellules verticaux, mais sans plus.

Dans ces associations, en tout cas récemment, ce sont des gens qui arrivent très souvent avec des idées préconçues sur la prison et qui veulent les imposer, quand bien même cela ne correspond absolument pas à la réalité d’un terrain qu’elle ne fréquente pas. Et leurs découvertes des premières fois en détention sont assez stupéfiantes !


Sincèrement, je peux comprendre la colère ponctuelle des membres de cette association, mais je trouve aussi dommage d’arrêter, à la condition bien sûr qu’ils fassent encore ce que l’on attendait d’eux, ce qui ne doit pas empêcher leur libre expression, qui me rappelle d’ailleurs carrément celle des associations des femmes des terroristes corses et basques.

Bien sûr qu’on se sert d’étudiants, et nous sommes tous voyeuristes, qui agissaient gratuitement et bénévolement pour ne pas que l’État paie des profs !

Mais pour autant, tant mieux que le Genepi a humanisé la prison et apaisé la détention, aidé certains à obtenir des diplômes et sinon les a occupés à autre chose qu’à des bêtises.

Est-ce que cela fait le jeu de l’État ? Dans les deux sens, autant que moi qui emmerdait l’État à écrire des déclarations d’appel qui n’auraient jamais été produites sans mes interventions d’écrivain public. L’administration et les surveillants, surtout stagiaires, n’aiment pas voir des gens se former, au risque d’être plus « cultivés » qu’eux…

Mais le problème de la réforme de la prison demeure l’argent, bien qu’une personne détenue coûte déjà environ 92 euros par jour à l’État, qui fait qu’il n’y a pas de réinsertion possible, sinon que très minoritairement.

Moi, je crois que ce système peut être réformé, à la marge, et que le Genepi avait sa place dans cette réforme.


Le Genepi critique la fin des subventions qui les rendaient dépendantes.

Mais la plupart des associations cathos qui interviennent en détention n’en ont pas.

Écrivain public, j’apportais mon propre papier et mes propres enveloppes. Ce n’était même pas le Secours catholique qui me les fournissait. J’avais juste droit à une déduction fiscale pour mes frais kilométriques et à un tarif préférentiel au mess des personnels de Fleury.

Cela m’a coûté de mon temps et de mon argent, mais qu’est-ce que j’y ai appris humainement parlant ; plus fort qu’une école à 6000 euros l’année !

Je trouve amusant et paradoxal ces gens qui disent qu’ils ne veulent pas de subventions pour ne pas dépendre de l’État, mais qui arrêtent parce qu’ils n’ont plus de soutien financier !


Et non, ils n’étaient pas contrôlés puisqu’ils pouvaient écrire toutes les saloperies qu’ils voulaient, à tort ou à raison. C’est juste qu’ils n’assument pas les conséquences de cette indépendance…


Pour conclure, je crois que la détention dans son ensemble n’est pas capable de se réformer de l’intérieur.

Mais que l’amélioration, même minime des conditions de détention et de réinsertion, passe par ce mouvement qui permet à la société de rencontrer et de traverser la prison.

Le Genepi y a participé, puis pris dans un mouvement intersectionnel gauchiste, woke et révolutionnaire, comme tant d’autres associations qui se sont laissées infecter, a tout sabordé. Ils ne seront pas les seuls, mais c’est dommage, car ils ne possèdent pas le passé de l’association, et que d’autres auraient pu prendre cette place. Même si la réalité est aussi que plus personne n’a envie de faire cela, malgré l’expérience formidable que c’est…




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