Sur le documentaire « Victimes de l’Église : l’impossible réparation » (Complément d’enquête)

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Honnêtement, je m’attendais vraiment à pire, par rapport à tout ce qui était annoncé depuis une semaine… On allait voir ce qu’on allait voir ! Finalement, ils ont tout fait fuiter avant…

Je n’en suis pas moins triste pour les victimes, leurs vies détruites, et honteux de la maltraitance institutionnelle que l’on peut voir dans le film.

Mais la question que je me pose surtout est de savoir où est Dieu au milieu de tout cela, et où les Hommes le placent, parce qu’il n’en a pas du tout été question ?


Personnellement, je ne me sens ni complice ni coupable de la pédocriminalité du clergé. Et comme je ne sanctifie ni l’Église, ni le clergé, je n’ai pas de mal à me dissocier d’eux sur ce point.

Cela me rappelle, toutes choses étant égales par ailleurs, certains autres débats sur la repentance à la suite de l’esclavage ou la colonisation : je n’ai jamais eu d’esclave, tu n’as jamais été mon esclave, tu n’as jamais été esclave. Ma famille ne s’est pas enrichie avec l’esclavage ou la colonisation. Fin du jeu…


Ce qui reste compliqué avec le rapport SAUVÉ, malgré qu’il ait enfin pu établir la réalité de crimes, et provoquer une crise de conscience, est qu’on reste sur des chiffres de 330 000 personnes victimes pour 3 200 pédophiles, ce qui veut dire que chaque pédophile aurait violé 100 enfants en moyenne…

Est-ce que l’un de ces chiffres rentre en compte dans le calcul des indemnisations, d’une Église qui ne veut évidemment pas se ruiner, alors qu’ils sont contestables et certainement foireux ?


Un biais du documentaire est qu’on nous dit qu’il y a peu de demandes et qu’on ne répare pas assez, au regard des montants obtenables dans le cadre d’une procédure civile.

Mais on n’interroge que le plafond de réparation par personne, de 60 000 euros, ou l’enveloppe globale prévue pour les réparations, de 20 millions d’euros, laquelle devrait être abondée prochainement, et pas la raison, pour laquelle, si peu de victimes demandent réparation. De fait, il ne serait pas aberrant de donner plus que 60 000 euros, si les 20 millions ne sont pas dépensés.

Je ne doute pas que les personnes qui sont membres des deux commissions de réparation sont volontaires et veulent bien faire ; qu’elles veulent cependant aussi défendre une institution et limiter les réparations, mais il y a clairement une maladresse, voire une arrogance de leur part, qui n’est pas acceptable, et notamment venant de Marie DERAIN de VAUCRESSON ou Antoine GARAPON, qui manquent de psychologie, pour ne pas écrire d’humanité dans leur relation à l’autre.

À l’inverse, on voit et on comprend aussi, de ce qu’ils ont vécu, que certaines victimes, devenues à raison haineuses de l’Église, veulent la fin de l’institution, et ne seront pas satisfaites de tout ce qu’on pourrait leur proposer. Le documentaire porte donc notamment ce débat de savoir si on expiera plus ou plus vite, si l’on paie un maximum, et je crains que la réponse ne soit pas binaire.


Je trouve que Complément d’enquête n’a pas été très avisé d’aller demander son expertise à un membre de la Libre Pensée (cette association de vieux blancs qui se sent violée quand elle voit une statue religieuse dans l’espace public, mais qui plaide pour la légalisation du burkini dans les piscines… Ils sont tellement libres de leur pensée que leur règlement intérieur leur interdit d’assister à des obsèques religieuses.)

De ce fait, et même si leurs analyses factuelles sont bonnes, on ne peut s’empêcher d’avoir un doute sur leurs analyses et leur honnêteté.

De la même manière, je ne pense pas que le diocèse de Bayonne soit très représentatif de la réalité des autres diocèses de France, dont on découvre en plus qu’il indemnise également à son échelle, au moins une victime, en complément.


Un premier problème est le manque de transparence de l’Église sur ses comptes, et l’opacité de ses choix de gestion ; et moi, d’avoir déjà dit à mon évêque que je l’aurais envoyé au Tribunal administratif s’il était une administration.

Un second problème reste bien que l’Église est riche sur le papier, mais d’un patrimoine immobilier qui est difficilement cessible, pour continuer l’exercice du culte, et que l’Église ne sait sinon pas vendre.

À mon niveau, il me suffit de regarder ce qui s’est passé sur ma paroisse avec le presbytère de saint-Martin. Le secteur pastoral voisin de Longjumeau s’apprête à faire de mêmes conneries, et j’essaie actuellement d’aider quelques amis de Morangis et de Chilly-Mazarin, à ce qu’une telle bêtise ne soit pas reproduite.

C’est en fait un cercle vicieux car moins vous entretenez de proximité, et moins vous aurez de pratiquants, donc moins vous aurez de dons. Or, le document le montrait aussi : les chrétiens ne sont plus essentiellement que des vieux blancs. Donc la situation économique en 2023 ne perdurera pas en 2040 ou 2050, et on ne fait qu’aggraver la fragilisation des finances.


En conclusion, je suis triste de ce que j’ai pu voir, mais je me sens parfaitement impuissant à agir dans un sens comme dans un autre. Je ne peux que réprouver avec d’autant plus de force la pédocriminalité et dire qu’il faut indemniser les victimes, mais je ne vois pas ce que je peux faire de plus. Solidaire de mon Église, je participerai néanmoins à un fonds d’indemnisation, s’il était décidé d’en créer un, plutôt que de brader le patrimoine, ce qui cause d’autres problèmes, à défaut de résoudre celui de la pédocriminalité…



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