Chut ! Ne dites surtout pas à mon curé que j’ai refusé de commander trois cierges pour l’autel parce que cela n’a aucun sens liturgique !

Publié par

En tant que sacristain de mon église, je suis, entre autres, chargé des commandes des cierges, qui ne connaissent rien de moins actuellement qu’une belle inflation de 19 %, alors qu’on a pourtant récemment changé de fournisseur, et mutualisé les achats avec d’autres paroisses, justement pour en diminuer les coûts !

Et donc on m’a demandé si je voulais commander trois cierges pour l’autel, parce que les deux autres églises de Savigny le font (comme si c’était une raison) ; et moi, forte tête, j’ai répondu que non, surtout pas. Et même que j’ai un argument pour cela !

Mais rassurez-vous, face à la multiplication des offensives des traditionnalistes, soutenues par le clergé local, je serai bientôt balayé ; et ce jour-là, ils n’auront plus personne pour faire le travail, parce que je leur rendrai ce service de partir de moi-même…


Quand vous demandez aux uns et aux autres pourquoi il faut trois cierges, et surtout pourquoi en plus, il faut que ces trois cierges aient une taille décroissante, on vous répond que c’est parce que c’est la Trinité.

Alors d’une part, quelle est cette Trinité, qui n’est pourtant qu’une seule et même personne (en trois natures), mais qui aurait donc trois tailles différentes, comme si le Père était plus fort que l’Esprit saint ? C’est quoi ce dieu païen qu’on nous invente ; est-ce pour un nouveau jeu de pierre, feuille, ciseau ? Déjà que c’est suffisamment compliqué comme cela d’avoir un Dieu triangle.

Et puis d’autre part, nous avons la Présentation générale du missel romain, PGMR pour les intimes, qui est un texte organisant le rituel de la messe, que je suis le premier à ne pas respecter (pour ce qui ne fait pas sens pour moi), mais que j’aime à opposer à tous les légitimistes.

Vous savez, ces gens qui croient par exemple qu’on est plus proche de Dieu en utilisant le latin, qui était la langue des occupants du pays de Jésus et que lui-même n’a jamais utilisé, tandis que la liturgie ne l’a utilisé officiellement pour la première fois qu’au IVe siècle…

Mais c’est pas grave, car nous serions plus dans le vrai… Ce qu’il ne faut pas entendre des gens qui ont besoin de s’inventer cela pour se sentir proche de Dieu ! Je ne les comprends désespérément pas, parce que ma foi n’a pas besoin de cela. Le problème est que leurs délires, qui ne font sens que pour eux, commence vraiment à faire fuir du monde. Mais moi, je résisterai, quitte à ne plus être qu’un consommateur de sacrements !


Toujours est-il donc que ma PGMR, en son paragraphe 117, dit que :

117. L’autel sera couvert d’au moins une nappe de couleur blanche. Sur l’autel ou alentour, on mettra des chandeliers avec des cierges allumés : au moins deux pour toute célébration, ou même quatre, ou six, surtout s’il s’agit de la messe dominicale ou d’une fête de précepte, ou encore sept si c’est l’évêque du diocèse qui célèbre. Il y aura aussi sur l’autel ou à proximité une croix avec l’effigie du Christ crucifié. Les chandeliers et la croix avec l’effigie du Christ crucifié pourront être portés dans la procession d’entrée. Sur l’autel même, on pourra mettre, à moins qu’on ne le porte dans la procession d’entrée, l’Évangéliaire, distinct du livre des autres lectures.

Bref, ce n’est définitivement pas trois…

Alors d’ici à ce qu’on en ait bientôt six, voire sept le jour de la venue de l’évêque…

D’autant que cela surcharge l’autel, lequel à mon avis, n’en a pas spécialement besoin.

Bref, je préfère rester à un, parce que la symbolique de la lumière fait sens pour moi.

Ah, si seulement nos bons chrétiens comprenaient que c’est en fait devant l’autel qu’ils s’inclinent chaque fois qu’ils le font dans l’église, comme lieu du sacrifice, et en fait pas devant le tabernacle, comme ils le croient béatement…

En tout cas, je continuerai de lutter, à mon petit niveau, pour une sobriété de l’autel ; évidemment compensée par une générosité du cœur.


À l’église saint-Martin de Savigny-sur-Orge – le 27 septembre 2022 – pour la messe de semaine


2 commentaires

    1. Équerre = triangle rectangle. Or, je dirais plutôt que Dieu est un triangle équilatéral, si c’est vraiment la Trinité. Mais si Dieu est Dieu, alors il doit bien pouvoir faire des triangles à 270°. Nos amis à tabliers ont-ils un quelconque avis sur la question ?

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.