Alors que la France s’apprête à reconnaître ce soir l’état de Palestine, ce que je soutiens pour ma part, j’ai assisté, vendredi dernier, à l’avant-première du film « Put your soul on your hand and walk » (Mets ton cœur sur ta main et marche), de la réalisatrice iranienne Sepideh FARSI, organisé à Ris-Orangis par l’association Évry Palestine.
J’y suis allé pour soutenir la liberté de la presse, en réaction à l’assassinat de la photojournaliste de 25 ans qui est filmée dedans, mais aussi pour jauger et me rendre compte de ce type de manifestation. C’était ma première fois.
Dans la salle de cinéma, du beau monde, plusieurs élus essonniens de toutes les sensibilités, y compris de droite, un prêtre catholique, mais ; et quelqu’un le fera remarquer, 80 % de blancs. Et plutôt la tendance vieux gauchistes de tous les combats libertaires depuis 1968.
Pas de propos antisémistes entendus. Une accusation de génocide exprimée, que je crois juridiquement fondé. Une seule intervention, pas très polémique, qui finit sur l’espérance que « Palestine vaincra », mais pas assez d’éléments pour surinterprêter le propos dans le sens « De la mer au Jourdain ».
Ce film-documentaire partage la vie de Fatma HASSONA, jeune et jolie photographe palestinienne, morte assassinée le 16 avril 2025, à 25 ans, par un bombardement isréalien sur sa maison ; jeune femme que l’on voit progressivement s’éteindre : sa peau changer, son sourire diminuer, ses centres d’intérêts se restreindre, ses propos devenir plus politiques, et plus incohérents.
Ce que l’état d’Israël n’a pas compris, c’est qu’ils ont perdu la guerre de l’émotion. Parce que oui, ils peuvent nous émouvoir 1205 fois avec les histoires de chacun des morts et/ou des otages du 7 octobre 2023, mais qu’en face, ils créent des centaines de milliers d’histoires émouvantes ; et que la balance émotionnelle penche de plus en plus vers la Palestine, de leur seul fait.
Le film, qui dure 1 heure 50, n’est pas top techniquement ; ce qui est assez déstabilisant voire insupportable au début, surtout pour le cadrage. C’est une caméra qui filme un portable qui lui-même filme en visio. Les passages avec les chats n’apportent rien, même pas de relâche pour souffler. Les temps de connexion pourraient ne pas être autant montrés car on a compris. Il y a un gros vide temporel entre juillet 2024 et avril 2025. Israël n’est jamais frontalement représenté, sinon que par avion ou par missile, que la personnage principale parvient à identifier au bruit des moteurs, ainsi que les drones.
Je remarque qu’au début, Fatma ne parle pas de Gaza (prononcer Raza) mais de la Palestine ; comme si c’était le conflit qui lui faisait prendre conscience d’une identité propre à l’enclave.
Avec la famine, elle se met à manger la nourriture des animaux. À un moment, elle a des chips et du chocolat (le prix de cinquante cigarettes) ; on se demande où elle les a trouvés.
Elle explique qu’elle n’a pas peur car elle n’a « rien à perdre ». Elle s’en remet à Dieu et au destin.
Tout ce qu’elle filme est détruit, et l’on vit finalement dans les ruines les plus préservées. D’où probablement l’acharnement d’Israël.
Elle a eu 13 morts dans sa famille, et elle en perd successivement plus au fil du film.
Elle ne condamne pas le Hamas mais elle n’y adhère pas. Elle est critique de son chef, qu’elle semble d’abord ne pas bien connaître, autrement que par le nom.
Elle dit que beaucoup de femmes ne sont pas voilées à Gaza, mais qu’elle-même le porte pour se protéger du regard des hommes…
Le film ne montre pas des Palestiniens en colère, mais plutôt des personnes résignées…
À la fin, il n’y a pas réellement de débats car le public est globalement déjà d’accord.
Sûrement pas sur tout.
En tout cas, sur la dégueulasserie du comportement du gouvernement d’extrême-droite d’Israël.




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