Ne soyons pas hypocrites : si Napoléon n’avait pas perdu le 18 juin 1815 à Waterloo, il aurait perdu la bataille suivante, dès lors que les armées coalisées auraient été rassemblées. 1 million d’hommes se préparaient à la guerre. L’empereur pouvait à peine en rassembler 150 000, dans un pays exsangue. Mais comme l’était la France de la Révolution, qui l’a quand même emportée, alors qu’encerclée de toute part.
Et pourtant, Napoléon a failli gagner Waterloo. À tel point que WELLINGTON avait d’abord ordonné la retraite, puis qu’il l’a annulée quand il a vu les forces prussiennes arriver. Effectivement, Napoléon gagnait à 19 heures mais perdait à 20 heures.
Napoléon a perdu déjà parce qu’il n’était plus que l’ombre de lui-même. Un homme fatigué, qui n’avait pas dormi la veille de la bataille, malade de dysurie (n’arrivant plus à uriner) et tenant à peine à cheval. On est loin du fougueux jeune homme du pont d’Arcole (qui en réalité est tombé du pont, bousculé par ses soldats, et a failli se noyer). On est aussi loin du film de Ridley SCOTT.
Napoléon a perdu parce qu’il ne lui restait que de mauvais commandants dont NEY, qui va massacrer la cavalerie, parce qu’il espérait se valoriser par une attaque mémorable, et GROUCHY, qui a fait semblant de ne pas entendre le canon, ce qui n’est pas possible de là où il était, et qui a privé l’armée française de 30 000 hommes, à défaut d’avoir bloqué la progression prussienne. Il faut dire que SOULT, qui n’était pas BERTHIER (†), n’aurait envoyé qu’une seule ordonnance à sa recherche… Possiblement aussi qu’il a manqué des SUCHET, DAVOUT, LANNES (†) et MURAT.
Davantage, les Français ont enchainé les erreurs stratégiques, notamment celle de ne pas saboter les canons anglais dont ils se sont emparés au moins deux fois pendant la bataille, permettant alors aux Britanniques de les réutiliser contre eux… La garde a sûrement aussi été engagée trop tard, ne permettant pas d’exploiter les avancées obtenues.
Napoléon a aussi perdu à cause de la météo, une forte pluie, qui ne lui a permis de débuter l’attaque qu’à midi ; permettant alors aux Prussiens d’arriver en toute fin d’après-midi. Davantage, la cavalerie et l’artillerie ont alors été gênées dans leurs manœuvres…
Les Cent jours ont représenté une période de gloire, avec un Napoléon qui récupère son trône sans avoir à livrer bataille (mais sans passer par la vallée du Rhône), et qui réorganise l’administration et l’armée en quelques semaines. C’est ce que la France sait faire de mieux et de meilleur.
Le Vol de l’aigle incarne un élan et un morceau d’Histoire, qui conclut l’épopée napoléonienne, avec tout ce qu’elle a de formidable mais aussi de misérable.
C’est finalement beaucoup de morts (24 000 hommes hors de combat côté français le jour de Waterloo), la perte de la Savoie et de Nice, l’occupation du territoire et une dette énorme à apurer.
Mais c’est un final grandiose dans son désastre, à l’image de la grandiloquence qu’eut l’Empire, période pendant laquelle la France domina l’Europe.
Voir aussi le film de 1970 avec Rod STEIGER du cinéaste soviétique Sergueï BONDARTCHOUK

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