Édit le 07/03/2025 à 13 h 00 : les obsèques d’Yves auront lieu le mercredi 12 mars à 14 heures 00 en l’église sainte-Thérèse.
Yves, envoie-moi un SMS pour me dire que tu n’as pas fait cela.
Dans ton dernier message, la semaine dernière, tu me disais que tu étais fatigué mais que tu prenais bien tes médicaments pour ne pas rechuter.
Tu me souhaitais une bonne messe.
Je te répondais qu’elle serait fraîche car le chauffage était encore en panne, et la pièce en commande.
Si seulement la médecine humaine était aussi simple que la réparation des chaudières.
Yves (Jacques dans le civil ; je l’avais découvert en le faisant voter),
du coup, je ne savais jamais quand lui souhaiter sa fête,
restera pour moi à jamais le sacristain de l’église sainte-Thérèse de Savigny-sur-Orge, pendant 33 ans (1989-2022).
Quand on dira le sacristain de l’église, ce sera Yves.
Il était un des piliers de notre église sainte-Thérèse.
Notre bedeau, comme disait Monique FRESSON.
Et chose assez rare pour être signalé : c’est lui qui avait décidé seul d’arrêter, qui avait formé ses successeurs et qui s’était progressivement effacé.
Il avait même prolongé de quelques mois pour me libérer du temps pour mes révisions pour l’école d’avocat.
C’est Yves qui m’a appris à allumer et à manier l’encensoir.
Je penserai à lui à chaque fois que j’allumerai un encensoir.
Yves était une crème d’homme, tellement gentil et tellement généreux.
Il ne comptait jamais son temps, arrivait deux heures avant pour faire le ménage et tout préparer, et repartait une heure après pour tout fermer.
Il avait toujours plein d’attention pour les autres, envoyait des images par MMS pour les fêtes.
Je repense à tous ces dimanches et tous ces jeudis passés ensemble, à discuter après avoir fini de tout préparer.
Le nombre de fois qu’il m’a raccompagné en voiture après la messe.
Je me souviens de ces bouteilles de vin qu’il m’offrait parce qu’il ne pouvait plus les boire. Des chocolats aussi.
Il était joyeux. Il avait toujours une blague, parfois graveleuse.
Quand il se fâchait avec une personne, il ne le restait jamais longtemps.
Ces dernières années n’avaient pas été faciles.
Ses douleurs l’empêchaient de faire ce qu’il aimait : de jardiner, de bricoler, de voyager.
D’aller voir sa famille en Savoie, ou de partir se reposer aux Sables-d’Olonne.
Son régime l’empêchait de manger et de boire ce qu’il voulait.
Depuis le rappel à Dieu de sa femme, Anne-Marie, avec lesquels les paroissiens n’avaient pas toujours été très sympas, et il en gardait une petite amertume, c’était aussi plus compliqué et il se sentait plus seul, l’âge avançant aussi.
Yves était aussi un homme avec des convictions politiques.
Je repense aussi à la période 2010-2014 qui fut un petit peu compliqué entre nous, parce qu’il était un fervent soutien de Laurence SPICHER-BERNIER.
Sa réaction à la première condamnation pénale de l’élue.
Il était devant sa permanence le soir du 10 juin 2012 pour sa campagne législative.
En 2020, il s’était proposé pour faire de la mise sous pli de mes documents de campagne.
En décembre 2021, il m’avait dit qu’au bureau de vote, les gens lui disaient qu’ils allaient voter pour le « petit jeune », sauf qu’on était trois à pouvoir correspondre à cette définition.
Je me rappelle de ce grand gaillard à l’accueil de l’église avec sa veste de costume bleu impeccable et son pins de Sciences Po.
De l’homme, fondant en larmes dans mes bras, au moment de m’annoncer le décès d’Anne-Marie.
De la maestria avec laquelle il avait raccompagné une personne sans domicile fixe alcoolisée venue faire un esclandre pendant une messe.
Nous n’étions certainement pas d’accord sur tout, théologiquement et liturgiquement, mais il respectait nos différences, et n’avait pas cherché à faire de moi, comme successeur, un clone de qui il était.
Après mon hommage à Henri THOMASSET, il m’avait dit : « c’est bien ce que tu as dit. »
Je me rappelle encore de ce petit rituel que nous avions instauré, des sms que nous nous envoyions le dimanche à l’heure de la messe.
De ces envois de cartes postales au moment des vacances.
De cette envie qu’il avait exprimé de venir à l’abbaye de La-Pierre-qui-Vire.
Après une période difficile, nous étions tellement heureux de commencer à le recroiser dans Savigny, ou à le voir revenir à la messe.
On espérait tous que cela irait mieux.
On se demandera toujours si nous avons fait ce qu’il fallait pour que cela aille mieux.
Et est-ce que cela aurait changé quelque chose si je lui avais envoyé un SMS dimanche dernier ou mercredi pour les Cendres, si ce n’était pas déjà trop tard ?
J’espère que tu es heureux à présent, réuni avec Anne-Marie, mais aussi libéré des douleurs de ton corps.
Que Dieu t’accueille, à la hauteur de ce que tu as donné pour notre Église, pendant toutes ces années, avec un banquet de mets savoureux qui te régale à nouveau de tout ce que tu ne pouvais plus ni manger ni boire.
Et je finirai, comme nous terminions chacun de nos messages : Amitiés.
Merci, cher Yves, d’avoir été mon ami. Merci d’avoir fait tout ce que tu as fait pour notre paroisse.
Et À Dieu.


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