Le « Menhir » est tombé. (Et Obélix n’y est pour rien.)
Ce qui me frappe, parmi tous les politiques (anciens ministres ou anciens députés), de la période 1986-1988, avec lesquels j’ai pu discuter, est que tous, quel que soit leur bord politique, te disent spontanément, pour parler de la période, que LE PEN était le meilleur.
Il avançait à la tribune de l’Assemblée en faisant trembler le sol, il gonflait ses bajoues et il gueulait, imperturbable, sans notes, en regardant un coup à gauche, un coup à droite, sans trop de possibilité de trouver du soutien dans son camp, puisqu’ils n’étaient que 35.
Et les mecs, en face, l’écoutaient.
Et ils se disaient qu’ils auraient bien été d’accord si le parti ne faisait pas que…
Alors, je lis les hommages.
Je suis assez indigné par l’indécence de celui de Marion MARÉCHAL qui veut défendre son héritage, alors qu’elle a retiré le nom LE PEN qu’elle avait accolé au sien ; la marque familiale créée par son grand-père.
Je suis plutôt amusé par celui de Jordan BARDELLA, que LE PEN détestait, peut-être plus que PHILIPPOT, et que je crois savoir qu’il avait renommé « Jourdain », pour faire plus français.
Je l’avais aperçu une seule fois, à une conférence, entouré d’une cour, comme DASSAULT quand il se déplaçait.
Je connais des gens qui le fréquentaient encore récemment.
Même si cela fait maintenant quelques années qu’il était aux fraises…
Avec lui se referme une page de l’histoire des débuts de notre Ve République, dont il était l’un des derniers acteurs vivants.
Redoutable manœuvrier, il avait réussi à se hisser à la tête des extrêmes-droites fusionnées.
Il avait surtout réussi à convaincre huit richards de le désigner comme héritier principal !
Au risque de choquer, je ne suis pas certain que LE PEN était sincèrement raciste et antisémite ; c’était un fonds de commerce reposant sur la provocation permanente.
Il ne voulait pas du pouvoir, et dès qu’il était en position de s’en approcher, il s’auto-flinguait volontairement pour redescendre dans les sondages.
Je pense quand même qu’il l’a espéré secrètement, dans l’entre-deux tours de 2002, quand il a fait revenir MEGRET.
La différence avec Marine, c’est qu’elle le veut vraiment.
Et que les copains de Marine le veulent aussi, ce qui n’était pas le cas des copains de JMLP.
Je pense qu’on se rappelle aussi tous du 21 avril 2002, où on était et comment on l’a appris. La peur de la guerre civile.
Mais avec le recul, il faut le dire, c’est juste JOSPIN qui a déconné.
Il n’empêche que la vraie méchante extrême-droite fait et fera toujours 15 % en France.
C’est aussi intéressant de voir le passage du Jean-Marie thatchero-reaganien à la Marine socialiste-nationale.
Mais même si c’était nécessaire pour passer de 15 à 35 %, en fusionnant les extrêmes, lui ne l’aurait jamais fait.
Même mort, on ramènera toujours Marine LE PEN à son père.
Et pour cause, elle lui doit tout.
Ce qui ne l’empêchait pas de faire 42 %.
Maintenant, si elle dépasse 50 %, ce n’est pas parce que son père sera mort,
mais parce que ceux d’en face auront fini de lasser (à l’image d’un TRUDEAU au Canada).
Un dernier mot par rapport à LE PEN qui disait qu’il n’avait aucun regret et qu’il avait toujours dit ce qu’il pensait.
Ben, j’en suis pas si sûr. Vraiment pas certain que toutes les idées qu’il défendait étaient les siennes personnellement.
Et je crois surtout qu’il a vécu de cette posture qu’il s’est créé, qui lui permettait de vivre confortablement de la politique, qui lui aura valu trois attentats, mais qui ne correspondait pas nécessairement à l’être intérieur, certainement très névrosé par ailleurs, pour faire tout ce qu’il a fait.
Je n’éprouve pas réellement de respect ou d’admiration pour l’homme.
Mais je lui reconnais d’avoir porté ses c******s, et d’avoir été un super VRP de l’extrême-droite, qu’il a fait passer de 1 % à 20 %.

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