Christian nous a quittés mercredi (10 avril 2024), à midi, à l’âge de 94 ans, à l’hôpital de Longjumeau.
Ses obsèques auront lieu ce vendredi 19 avril 2024 à 11 heures 30 en l’église sainte-Thérèse de Savigny. Il sera ensuite inhumé à Bormes-les-Mimosas, dans le Var.
Je pense bien à Simone, à Cécile, à Philippe, à Maxime, à Claudette…
C’est dur, comme pour tous ceux qui l’ont connu et aimé.
Je leur présente mes condoléances.
Mes pensées et mes prières les accompagnent.
Mais comme un dernier pied-de-nez à la leucémie (cela faisait bien longtemps qu’il était le dernier survivant de son bureau au commissariat à l’énergie atomique), dont il aura passé plus d’un tiers de sa vie en rémission, ce n’est pas elle qui l’a emportée, mais le Covid.
Les médecins ne comprenaient d’ailleurs pas qu’il soit toujours vivant après tout ce temps ; lui répondait que c’était l’eau de Lourdes que lui rapportait sa fille.
Je me rappelle de notre toute dernière rencontre à la sacristie de l’église sainte-Thérèse, où il était venu pour faire de la monnaie.
La dernière chose qu’il m’a dite, c’est qu’avec Simone, ce qui leur ferait plaisir, ce serait de me savoir marié, avec des enfants.
Je repense à ce repas de l’été de 2022, précédé d’un apéritif avec plusieurs voisins de l’avenue Carnot, alors en plein travaux.
Je repense à ce dernier appel téléphonique en septembre 2023, après la réussite de mon master de droit.
Je repense à cette dernière carte postale envoyé le 13 mars 2024 depuis l’abbaye de La-Pierre-qui-Vire.
Je me rappelle aussi de Kader, l’épicier à l’angle de la rue de la liberté et de la rue René-Legros, qui m’avait dit un jour qu’il croyait que Christian était mon grand-père.
J’avais connu Christian parce que je connaissais Simone, qui est ma marraine dans la politique locale de Savigny.
On me demandait hier comment se prononçait leur nom (BEZER). Je racontais qu’au conseil municipal d’installation de 1983, le communiste BOCKELANDT battu, qui était un rustre autant que TEILLET, avait fait exprès de le prononcer « bai-sée ».
Ils avaient 67 ans de mariage.
Moi, je trouve que c’est beau.
Je me rappelle qu’il racontait que sa belle-mère voulait absolument, jusqu’au mariage, lui faire épouser la soeur de Simone.
Christian était né en 1929 à Abidjan, en Côte d’Ivoire.
Il se plaisait à le raconter aux Africains, ce qui lui valait un certain respect.
C’était aussi toute une histoire pour faire renouveler ses papiers, autant que pour les gens nés dans les départements du 92, 93 et 94, du temps du département de la Seine.
Il avait fait son service militaire dans la marine.
Il me racontait la chaleur qui pouvait atteindre 60 à 70 degrés en salle des machines.
Son expérience la plus éprouvante avait été lorsqu’à l’arrivée du canal de Suez, les autorités anglo-franco-égyptiennes avaient exigé qu’ils jettent à la mer les corps de ceux qui n’avaient pas supporté, sans possibilité de leur donner de sépulture.
C’était ensuite une vie de travail au commissariat à l’énergie atomique.
C’était dans tous les cas une vie extraordinaire, comme celles de toute sa génération, qui a connu tous les bouleversements du siècle, depuis la guerre.
Il était discret dans la vie de la paroisse.
Il ne prenait pas part à la politique ; quand Simone bataillait avec son gaullisme (son père est Compagnon de la Libération, mort pour la France en Indochine, lorsqu’il a tenté d’organiser la résistance, face à l’invasion japonaise).
Il mettait aussi des mots plus crus sur ce que la famille de Simone avait vécu en Indochine. Les Japs qui enfermait les frères de Simone dans des cages et qui les faisaient mordre par des singes, en espérant les contaminer de je ne sais quelle maladie.
Ces derniers temps, il était devenu le gardien du temple de la mémoire de son beau-père, en même temps que ses enfants prenaient le relais.
Il m’avait remis de nombreux documents historiques, que je garde précieusement.
On le croisait dans Savigny au volant de sa petite voiture électrique blanche.
Il prenait son café du matin au bar du coin d’or.
Il était plein d’humour.
Il adorait les enfants.
Il avait son petit accent chantant.
Il avait entrepris un travail biographique, avec des notes et des enregistrements, qu’il aurait souhaité que je mette en forme.
À chaque fois que je le voyais, il me disait qu’il aurait bien voulu déjeuner ou dîner mais que Simone ne venait pas, parce qu’elle lisait mon site, ce site, et qu’elle se lamentait sur tous les malheurs qu’on m’infligeait.
Il était l’exact opposé de Simone.
Et pourtant, qu’est-ce que les deux s’aimaient et se souciaient mutuellement de l’autre !
Christian, c’était la générosité.
Le nombre de fois où je suis allé chez lui, invité pour le repas, et où j’apportais une bouteille, mais où je repartais avec deux.
Il y avait aussi toujours le moment où il s’éclipsait pour sa sacro-sainte sieste.
Je ne compte pas non plus le nombre de fois où il m’a raccompagné en voiture, après la messe.
Nous passions devant Unisson, qui avait été l’entreprise de son fils Philippe, mise en difficulté par une commande non honorée des Anglais pour les Jeux Olympiques de 2012.
Puis nous passions devant le square du capitaine Jean-D’HERS, dont les panneaux avaient été dégradés, et que la Ville ne réparait pas, au grand dam de la famille.
J’ai mis en bas la photo de l’inauguration du parc le 7 juillet 2018 (jour du décès de ma grand-mère – je me rappelle qu’il avait su trouver des mots de réconfort ce jour-là), à laquelle Christian représentait Simone.
Et notre grand benêt de MEHLHORN qui avait voulu honorer Christian, et qui avait inventé le capitaine Jean d’HERS-BEZER
Parce qu’il n’était même pas capable de lire un nom sur une plaque…
Christian m’a beaucoup aidé politiquement, très essentiellement pour me lancer dans la première campagne de 2014, notamment sur toute la partie administrative, quand il faut courir partout, derrière chaque colistier pour récupérer le papier qui a été oublié de signer.
Mais au-delà du soutien matériel et financier, et de la distribution des tracts dans toute l’avenue Carnot, il était un appui moral.
Je ne l’oublierai pas ; sa confiance m’honore et m’oblige.
Pour nous, les chrétiens, nous n’avons qu’une seule vie, parce que les actes posés sur la Terre sont pris en compte pour la vie éternelle.
Alors oui, je peux témoigner que sur cette Terre, les actes posés par Christian étaient beaux, et je peux espérer qu’ils soient récompensés à leur juste mesure, et qu’ils préfigurent quelque chose d’encore plus beau dans la vie auprès de Dieu.
Et je rends grâce pour Cécile, qui a quand même tout quitté, son appartement, son travail, pour venir s’installer chez eux, et les aider ces dernières années. Je lui exprime toute mon admiration.
Pour finir, je publie quelques photos, avec l’accord de sa famille, qui m’a donné les trois premières et la dernière.
Avec Simone.
Avec Jacques PÉ, dont nous fêterons dimanche les 100 ans.
Avec Éric MEHLHORN, à l’inauguration de la plaque du square du capitaine Jean-D’HERS, réaménagée.
À l’hôpital, avec Cécile, quand il était encore bien…
Il restera dans nos mémoires, et dans nos cœurs.







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