Le meurtrier de Jocelyne s’est pris 30 ans de réclusion criminelle dont 20 avec sûreté, soit le maximum pour un assassinat avec préméditation. Je pense que mes larmes n’y ont pas été pour rien. Il dispose de dix jours pour faire appel.
Aux assises, il faut faire dans l’émotion pour convaincre un jury de 9 personnes. Alors vous avez la méthode DUPONT-MORETTI qui consiste à créer le doute, au bénéfice duquel obtenir l’acquittement, en criant sur des témoins, par exemple au procès d’Outreau, où il a aboyé tellement fort sur les enfants que plusieurs se sont fait pipi dessus. Du coup, probablement que des gens vraiment coupables s’en sont aussi sortis…
Et puis vous avez la méthode VAGNEUX qui consiste à pleurer à la barre, pour arracher des larmes à au moins l’une des six jurés. C’est ce que je dis à mes clients dont je rédige les écritures. Laissez venir vos émotions et servez-vous en. Et donc j’ai parlé, sans retenir mes larmes, de mon petit frère Bruno, mort à 33 jours dans l’appartement de Jocelyne. Et j’ai dit que le meurtrier m’avait privé de Jocelyne, des souvenirs que j’avais chez Jocelyne mais aussi du lieu dans lequel mon petit frère était mort.
Un truc dont j’ai senti qu’il faisait aussi réagir le jury est quand j’ai dit que j’espérais que l’accusé serait lourdement condamné, déjà parce qu’il est dangereux pour la société, de par son parcours de vie, qu’il ait tué ou pas ; mais pas tant parce que c’était un homme de 57 ans, 1 m 72 et 80 kg et qui passait ses journées en salle de musculation, et qu’il s’en était pris à une dame de 83 ans de 1 m 55 et de 42 kg, et qu’on ne condamne pas en fonction de la morphologie de la victime, que parce que dans la société, on ne met déjà pas un coup de ciseaux à quelqu’un. Et encore moins 25 ! Sans compter qu’il l’a aussi battu de son vivant puis étranglé. Le corps était tellement défoncé que l’Institut médico-légal n’a même pas voulu laisser la famille le voir.
L’instruction criminelle avait été rondement menée par Sabine KHERIS, la juge qui a fait parler FOURNIRET (qui a certainement aussi voulu jouir une dernière fois de ses crimes, sentant son Alzheimer venir). La présidente de la Cour a admirablement bien conduit les débats. L’avocat général a été plutôt honnête.
Mon intervention sur les intérêts civils
Madame le Président,
Et Madame et Madame de la Cour,
Mon préjudice d’affection ne pourra jamais être réparé par aucune somme.
J’ai hésité à vous demander symboliquement la somme de 1570 euros (le montant du loyer à payer pour lequel Jocelyne a été assassiné ; le meurtrier ayant dépensé tout l’argent qu’il lui restait pour s’acheter la veille de la cocaïne, de la cristalmet et des poppers).
Mais je ne veux pas m’enrichir d’aucun argent de la mort de Jocelyne, et j’ai de toute façon bien compris que ce Monsieur est insolvable, motif pour lequel il a d’ailleurs tué.
Par ces motifs, je ne formule aucune demande civile.
Telles sont mes conclusions.

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