J’ai regardé la deuxième saison de African Queens, la série produite par la femme de Will SMITH, laquelle a récemment déclaré en direct à la télévision américaine qu’elle n’avait épousé son mari, qu’elle n’aimait pas, que sous la pression de sa mère, parce qu’elle était enceinte de lui, d’un fils non désiré. Après cela, je pense que les repas de famille chez les SMITH doivent être bien sympas !
Pour rappel, la première saison était consacrée à Cléôpatre, et il ne fallait pas une minute pour qu’une nana, sorti de nulle part, en tout cas pas historienne, nous dise que sa grand-mère, elle aussi inconnue célèbre, lui avait dit que Cléopâtre était noire (alors qu’elle était au mieux une métis de noir, quand il avait fallu régénérer un peu sa race abatardie de Macédoniens consanguins) !
C’est en fait le gros problème, avec cette série fictionnelle, qui est de faire parler des gens qui sont essentiellement des romanciers ou des enseignants non spécialisés, en laissant croire qu’ils sont crédibles, et qui viennent raconter un truc qu’ils croient vrai, à tel point qu’ils imaginent même la psychologie des personnes de l’époque, alors qu’ils n’en connaissent rien, et que leur propos n’a pas plus de valeur que le quidam qu’on viendrait interroger au coin de la rue sur ce qu’il pense de telle personne.
Alors déjà, je suis profondément dérangé par la vision américaine de l’Afrique, qui considère d’une part que tout le continent africain est noir (alors que ce n’est vrai que pour la zone subsaharienne), et ensuite, qui ne tient absolument pas compte des ethnies. Et donc un noir est un noir, et ils n’ont absolument pas de problèmes à faire jouer une Angolaise par une Nigériane (même si ce n’est pas le même groupe ethnique ou culturel), et à mélanger les ethnies pour les rôles au sein d’une même famille…
Or, l’Église de Dieu qui est en Essonne compte 132 nationalités, et il se trouve que j’ai donc quelques amies bantoues, donc quelques amies angolaises, et qu’elles ne ressemblent désespérément pas aux habitants des pays que l’on veut nous montrer.
Alors ici, c’est l’histoire de Njinga, personnage historique, que le synopsis présente comme reine de l’Angola, à une époque où le pays n’existait pas, et qui va, selon le film, passer son règne à tenter de se faire reconnaître comme catholique par le pape pour donner une raison aux Portugais d’arrêter de réduire en esclavage et de déporter son peuple. Elle va plus ou moins réussir.
Alors ce n’est pas tout à faut faux, sauf que la Fondation pour la mémoire de l’esclavage nous rappelle, sur son site internet, qu’elle avait elle-même des esclaves, et qu’elle pratiquait la traite, ce que le documentaire oublie opportunément de dire…
Autre caricature dans laquelle on tombe : Njinga est une femme libre parce qu’elle fait la guerre et qu’elle choisit ses amants. Je pense qu’elle avait quand même d’autres libertés que sexuelles, et ce n’est pas forcément rendre service que de poursuivre 25 siècles d’animalisation sexuelle des Africains.
Le film oublie aussi de dire qu’elle a été stérilisée de force (faudrait quand même pas faire passer les Africains pour des barbares et pouvoir dire que la colonisation a permis l’arrêt de ces pratiques).
Pareil, il lui invente un mariage, avec le Kasanje, qui n’a jamais eu lieu, mais permet d’ajouter une scène de sexe pour exciter le public des vieux mâles blancs libidineux, en mal d’exotisme.
Je serai d’ailleurs curieux de savoir qui regarde précisément cette série, et notamment sa perception par le public africain ou afro-descendant.
Il me semble avoir repéré quelques anachronismes comme la baignoire, les bougies ou le matelas, dont je ne pense pas qu’il y en avait à cette époque dans cette région de l’Afrique (hormis chez les colons européens).
Ce sont 4 épisodes de 45 minutes qui se regardent comme une belle histoire, finalement assez triste parce qu’il y a beaucoup de morts, mais à ne pas prendre au sérieux.
Au final, c’est vraiment dommage de caricaturer ainsi l’Histoire de l’Afrique parce qu’elle existe, et qu’elle se suffit à elle-même, pour être racontée de manière objective.


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