Mercredi dernier, tandis que j’écoutais l’homélie d’une oreille discrète (et que je râlais intérieurement contre ce sacrilège infantilisant qu’est l’institution d’une eucharistie au cours de la célébration des Cendres), je me faisais cette réflexion.
L’évangile qui nous dit :
« Mais toi, quand tu jeûnes, parfume-toi la tête et lave-toi le visage ; ainsi, ton jeûne ne sera pas connu des hommes, mais seulement de ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra. »
Then, a few moments later :
« Demandons au seigneur de bénir ces cendres dont nos fronts vont être marqués en signe de pénitence. »
Ainsi, n’est-il donc pas contradictoire de vouloir revendiquer notre pénitence, là où Jésus nous dit et nous demande de rester discrets ?
Les Cendres sont un rite, instituée par l’Église, officiellement au VIIIe siècle, qui reprend une pratique juive, vue dans le Premier testament, qui marque un deuil, une souffrance ou une pénitence.
On peut déjà relever le paradoxe de vouloir faire comme les juifs, alors que Jésus lui-même ne le faisait pas, ne nous a pas dit de le faire, et puis surtout, que nous ne sommes pas juifs.
Sauf qu’à la base, il ne s’agissait pas de faire pénitence, mais de se rappeler que l’on était cendre, au sens de poussière (selon le deuxième récit de création qui est au troisième livre de la Genèse ; le premier récit fabriquant l’homme à partir de terre glaise), et que l’on retournerait à la cendre (ou à la poussière).
Un nouveau paradoxe pour une religion qui a longtemps rejeté la crémation, qui aurait empêché la résurrection, comme si le corps terrestre ne se dégradait pas lui-même.
Remarquons d’ailleurs que dès les IIe ou IIIe siècle, les pères de l’Église, plutôt de culture grecque, et c’est d’ailleurs vraiment resté chez les orthodoxes, disent qu’à la mort, l’âme reforme un corps spirituel, qui est donc différent du corps terrestre, qui serait lui-même à l’image de l’âme.
Là, c’est généralement le moment où je décroche…
Bref, au XXe siècle, et ce n’est pas tellement lié au concile Vatican II, qui a à peu près tout réglé, sauf la liturgie, on a remplacé le « Souviens-toi que tu es poussière et que tu retourneras à la poussière » par le « Convertis-toi et crois à l’évangile ».
Sauf qu’on a gardé le symbole des cendres, qui n’ont pas tellement de rapport avec la conversion.
Et qu’on a rajouté le texte de l’évangile de Matthieu 6, qui a lui-même remplacé le texte de Jésus au désert pendant 40 jours.
Mais ce n’est pas fini puisque maintenant, on y a en plus rajouté l’eucharistie, donc le repas.
Ce qui est quand même paradoxal pour un temps de jeûne (spirituel) !
Et finalement, on retrouve une célébration classique, hormis le rite de l’imposition des Cendres, là où on devrait notamment et justement changer nos habitudes, pour marquer la conversion…
Et aujourd’hui, on célèbre un truc qui ne fait plus grand sens pour grand monde ; en tout cas, pour ceux qui y réfléchissent…
Enfin bon, tant que les gens s’y retrouvent.
Et c’est plutôt cela qui me fait peur : que des gens se retrouvent dans des célébrations qui n’ont plus aucun sens liturgique ou théologique, par empilage de pratiques qui ont évolué au cours des siècles.

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