Florian GALLANT parviendra-t-il à conserver sa majorité jusqu’en mars 2026 ?
Quatre mois après le retrait des délégations de Jean-Luc TOULY par le maire, c’est désormais au tour de Pascale TOULY, maire-adjointe déléguée à la vie scolaire et à la politique culturelle de rendre son écharpe ; mais cette fois-ci, de son plein gré.
L’intéressée, qui en a fait l’annonce lors du conseil municipal du 4 juillet 2023, reste cependant conseillère municipale. Revendiquant comme seule boussole d’agir pour la ville et ses habitants, Pascale TOULY dit avoir tenu bon « au maximum », tout en restant « extrêmement loyale ». Elle ne cache cependant pas vivre cette sortie comme un « soulagement ».
Dans sa lettre de démission rendue publique, elle dénonce pèle-mêle un « manque d’informations, de concertation et de débats », le souhait de « préserver son honnêteté intellectelle », la « déliquescence progressive des forces vives de la municipalité » et une « souffrance majeure au sein d’une partie des services de la mairie », pour laquelle elle va alerter l’Inspection du travail.
D’autres élus pourraient-ils à leur tour quitter la majorité sur cette lancée ? Au moins un autre élu de la majorité, en commission municipale et en privé, dit qu’il serait également prêt à partir.
Pour information, il suffirait de seulement 7 démissions dans la liste majoritaire pour contraindre les Wissoussiens à devoir retourner aux urnes avant la prochaine échéance du printemps 2026.
Si la toute première fracture, vécue comme une trahison, a été l’appel au vote de Florian GALLANT pour la candidate macroniste Amélie DE MONTCHALIN aux élections législatives de 2022, deux autres sujets semblent avoir convaincu l’adjointe démissionnaire de sauter le pas : le climat délétère au sein de la mairie provoqué par de fortes pressions exercées sur les agents (« une désorganisation complète qui existait déjà mais qui s’est accentuée »), et le dossier du datacenter, impanté en zone résidentielle, qui sera le 5e plus gros de France à son achèvement.
Au moment où la pétition de riverains opposés à son installation atteint désormais 509 signatures, la société Cyrus One vient de publier une étude d’impact environnementale, qui révèle, en plus des nombreuses nuisances pour la ville et ses habitants, que la structure ne rapportera pas d’argent à la Commune, contrairement à ce qu’il avait été soutenu pendant la campagne municipale de 2020.
C’est réellement à partir du retrait de délégations de Jean-Luc TOULY, que Pascale TOULY, par ailleurs son épouse, raconte une « mise de côté » des réunions des adjoints et de la majorité, tandis que dans le même temps, ces réunions s’espacaient dans le temps et ne parvenaient plus à rassembler autant que sous le mandat de Richard TRINQUIER : « Sur 22 personnes, nous ne sommes plus qu’entre 4 et 7. »
Tous nos interlocuteurs dénoncent une dérive progressive et insidieuse du maire Florian GALLANT, qui avait pourtant suscité beaucoup d’espoir à son élection, au sein même du groupe majoritaire. Mais le point de rupture semble réellement intervenu avec la délibération du 29 septembre 2022 portant révision allégée du plan local d’urbanisme, adoptée sans information préalable des élus de la majorité, auxquels on a intimé d’approuver ce projet sur-mesure pour permettre le datacenter.
Les différentes personnes interrogées décrivent un maire de plus en plus isolé, s’appuyant de plus en plus sur son cabinet, qui serait passé de deux à quatre personnes, et sur ses conseils (ses avocats), au détriment de sa majorité municipale. Un élu du groupe majoritaire nous confie : « à part deux personnes qui sont ses amis, il n’a rien à faire des autres. » Un autre élu nous livre : « on ne sait pas ce qu’il fait. Il dit qu’il travaille beaucoup, et on ne le nie pas, mais il n’y a aucun moyen de savoir car il est d’une grande discrétion. »
Le couple regrette le manque d’information des élus, mais davantage l’absence de communication auprès de la population pour tous les sujets engageants du mandat : la police municipale, actuellement réduite à 4 agents, le datacenter, la construction du collège, le déblocage de 10 millions d’euros nécessaires à la construction des installations sportives qui doivent accompagner, le retard pris par les gros projets de la campagne comme la reconstruction de la Poste et la maison intergénérationnelle… Ils dénoncent aussi en vrac : le plan vélo qui n’avance pas, les permis de construire sur lesquels les élus ne sont plus consultés, l’augmentation des indemnités du maire, les pressions exercées sur Radio Wissous…
Pascale et Jean-Luc TOULY souhaitent tout de même rester dans la majorité, par fidélité au programme de Richard TRINQUIER, sur la liste duquel ils ont été élus. Ensemble, ils revendiquent de « rester loyal à l’intérêt de la ville, plutôt qu’à un individu quelque soit ses ambitions et ses convictions. »
Mais ils ne sont pas dupes que cette situation pourrait ne pas durer très longtemps. « Cela va dépendre si le maire va réagir. Pour l’instant, les autres membres de la majorité restent dans l’expectative. La seule réaction immédiate est celle du maire qui donne l’impression qu’il veut se venger. »
Ils pourraient alors former un groupe indépendant, ce qui leur permettrait notamment de disposer d’une tribune dans la gazette municipale, pour continuer de communiquer auprès de la population.
Jean-Luc TOULY va cependant plus loin et appelle désormais le maire à la démission: « Le mieux est qu’il se retire. Il court à sa perte. Avec Richard TRINQUIER, et Régis ROY-CHEVALIER, dont j’ai été dans les oppositions, je pouvais parler de tout. Avec le maire d’aujourd’hui, plus du tout… »
Au final, un seul homme, dont le nom revient régulièrement dans la bouche de nos interlocuteurs, semble être en capacité de trancher le conflit : l’ancien maire, Richard TRINQUIER, qui conserve la fidélité d’un nombre important de membres de la majorité, malgré les mises en cause de plus en plus nombreuses de son successeur, qui était pourtant son adjoint aux finances depuis 2014.
M. TOULY, non sans relever que M. GALLANT pouvait difficilement ignorer ce qu’il reproche aujourd’hui à son prédécesseur, précise : « Si Richard TRINQUIER est coupable de quelque chose, alors nous sommes tous coupables de quelque chose. »
Et la suite ? Jean-Luc TOULY confie : « En 2026, on ne va pas le défendre. On fera quelque chose, mais pas avec lui. Comme ça, les choses sont claires. »




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