Ce que Pauline ne vous dit pas (France 2) ; la femme sous emprise n’est pas celle que l’on croît !

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J’aime beaucoup le travail du réalisateur Rodolphe TISSOT, que j’avais découvert avec la série « Ainsi soient-ils », et ce sentiment n’a fait que se conforter en regardant sa dernière réalisation qui est la nouvelle mini-série fiction de France 2 « Ce que Pauline ne vous dit pas ».

À voir ou à revoir sur :

https://www.france.tv/france-2/ce-que-pauline-ne-vous-dit-pas/


Le pitch, c’est une femme sous emprise, incarnée par Ophélia KOLB (La petite Histoire de France, Dix pour cent…) que l’on soupçonne d’avoir tué son mari mais qui refuse de se défendre parce qu’elle cherche à protéger sa famille (et la réputation de la famille de son mari qui forme une petite bourgeoisie de province) et qu’elle refuse d’accabler son mari, qui était pourtant un parfait connard, violent et adultère avec elle.

Et elle se retrouve face à une jeune juge d’instruction, incarnée par Grâce SERI, tout juste nommée à son poste dans un coin reculé de la France profonde, laquelle est en fait et d’une toute autre manière, sous emprise également. Et c’est en fait ce personnage, de prime abord secondaire, qui est certainement le plus intéressant, finalement parce qu’elle est aussi un des principaux moteurs de l’histoire.

Son instruction est caricaturale et ratée de bout en bout : elle n’est qu’à charge, elle saisit sans preuves le juge des libertés et de la détention pour un placement en détention provisoire qui se prolonge autant que l’instruction, les pistes qui se révéleront les bonnes sont écartées, les interrogatoires sont hors de propos à plusieurs reprises, la manière dont elle interroge l’enfant révèle son inexpérience.

Et pourtant, le personnage doute. On la voit travailler, reprendre l’affaire, réécouter les enregistrements. Davantage, elle n’hésite pas à rappeler à ses interlocuteurs son indépendance. Toujours cette idée de principe que le juge d’instruction est l’homme le plus puissant de France, selon ce qu’on prête à Napoléon.

Sauf qu’à la fin, elle finit toujours par faire, professionnellement, parce qu’elle ne se laisse quand même pas sauter par le procureur et le procureur adjoint, ce qu’attendent d’elle tous ceux qui gravitent à ses côtés : la policière enquêtrice, le proc et son adjoint, sa greffière, voire même l’opinion publique et les médias.

On pourrait encore parler de la critique du système judiciaire, avec un procureur qui a tout pouvoir, et qui décide de briser la carrière du juge qui na va pas dans son sens, en lui confiant des affaires sans intérêt ou en changeant sa greffière qui est trop proche d’elle. Système dans lequel l’avancement dépend justement pour partie d’un petit milieu qui fait et défait les juges selon qu’ils soient plus ou moins bien avec eux.

Ainsi, si cette juge n’a pas tort de renvoyer la présumée meurtrière aux assises, en l’état du dossier, le problème est qu’elle le fait pour les mauvaises raisons ; parce qu’elle aussi est finalement sous l’emprise d’un autre milieu : le milieu judiciaire, certainement de manière plus ou moins inconsciente.


Au passage, j’ai quand même une critique sur les scènes de détention qui ne sont pas très crédibles en plusieurs aspects, que ce soit l’attitude toute calme des surveillants pénitentiaires ou parfois leur absence de certains lieux, avec des portes ouvertes en même temps. Je peux vous dire que ce n’est pas fidèle à l’ambiance d’une prison.




3 commentaires

  1. « parce qu’elle ne se laisse quand même pas sauter par le procureur et le procureur adjoint » => Et donc pas une surcouche avec une intrigue LGBTQIA++ ? Cela aurait pu être une procureure qui veut se faire une juge et une greffière trans !

    1. Bah non. C’est peut être pour cela que j’apprécie ce réalisateur ?

      Oh tiens, hier soir, Patrice KOUAMA m’a dit que je virais panafricaniste. Un peu plus on me trouvera même « négrophile ».

      1. Il déchantera vite quand il connaitra tes activités dans diverses exploitations minières en Afrique (pour les téléphones mobiles, bagnoles électriques etc) et que tu collabores avec des sociétés détenues par des oligarques russes et des milliardaires chinois.

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