Je voudrais vous recommander un documentaire, dont j’ai pu rencontrer la réalisatrice avec laquelle je pense partager une certaine connivence intellectuelle, et une vision commune sur la prison. Il s’agit de « À côté » de Stéphane MERCURIO, qui a été réalisé en 2007, pour montrer ce que vivent certaines familles, notamment les femmes, de personnes détenues. Mais c’est d’abord un film pour ces femmes qui en sont les actrices.

C’est un film que ces femmes ont bien voulu faire pour envoyer un signal à leurs hommes qui ne se rendent pas compte de ce qu’elles vivent. Qu’elles aussi sont en prison d’une autre manière, jugées comme leur mari, punies d’aimer quelqu’un qui a fait du mal. Dans une certaine limite, la famille est même davantage punie que la personne détenue. Au travers de ce film pour montrer à leur mari, elles ont surtout pu voir et se rendre compte de qu’elles vivent.

Pourtant, la plupart de ces femmes pourraient leur tourner le dos, certainement retrouver quelqu’un d’autre et continuer leur vie. Leurs hommes, pour qui le temps s’est arrêté, ne les comprennent pas toujours, tandis qu’elles redoutent en plus la sortie (sera-t-il capable de se réinsérer ?). On voit ces mères qui se demandent ce qu’elles n’ont pas bien fait dans l’éducation des enfants. On voit aussi ces femmes dont certaines progressivement s’éloignent de leurs maris.

Mais elles sont là, et elles font face. Leurs hommes viendraient-ils les visiter si elles étaient en prison ? Rien n’est moins sûr. Question de psychologie ? Elles sont aidées par des associations et des personnes formidables, trop souvent peu mises en avant. Elles forment une communauté qui s’encourage et se soutient. L’été est plus long à passer que l’hiver.

Ce film suscite encore des réflexions : la présence des surveillants dans des lieux d’accueil ; l’utilité de la prison en tant que les personnes détenues réfléchissent-elles vraiment à leurs conneries ; la « tyrannie des horaires » quand le problème vient des bornes qui régulièrement ne fonctionnent pas ; la justice quand la prison n’évite pas le suicide en prison. Et comment les hommes fabriquent-ils leur cadeaux qu’ils offrent au parloir, ou échangent avec d’autres ?

Ce documentaire montre enfin plusieurs dysfonctionnements de notre système judiciaire et carcéral français : des transferts qui sont faits sans prévenir personne et qui envoient les personnes détenues à l’autre bout de la France, aux règles d’hygiène et de sécurité délirantes : pas de fromage car cela ne respecte pas la chaine du froid, pas plus de dix livres dans la cellule, des crevettes décortiquées ; en passant par les médicaments dont on gave les personnes en prison.

Pour en savoir plus, visitez leur site internet : http://www.a-cote.eu/