Voilà le récit d’une aventure qui m’était arrivée en gare de Savigny-sur-Orge en 2011, côté Place Davout, alors que je rentrais un vendredi soir de la Sorbonne après mes cours. Cela n’a pas été pour améliorer mon image de la Police et je le publie aujourd’hui, puisque cette histoire est directement en lien avec la fête des Rameaux. Je le laisse tel que je l’ai écrit au soir de cet événement pour la fraicheur de sa non-mise en forme.
Inutile de préciser qu’une telle situation se reproduirait, je jouerai un peu avec la Police, notamment en leur faisant appeler un officier de Police judiciaire pour procéder au contrôle d’identité. Je m’en fous de perdre mon temps à aller au commissariat ; pourvu que j’ai quelque chose à raconter et que je découvre toujours plus les failles et dysfonctionnements de notre système. J’ai toujours pensé avoir été contrôle ce jour-là pour le quota de blancs…
« Aujourd’hui à 17h40, j’ai été contrôlé pour la première fois de ma vie par la police (qui portait des brassards « municipale » alors que ce n’était pas le cas ; du moins pas les cinq que l’on connait habituellement et ils étaient quinze). Je précise que j’étais le seul contrôlé et que les autres vaquaient à ne rien faire ou regardaient la scène.
Après m’avoir demandé à la sortie du quai de Savigny de les suivre sur les côtés, ils me prennent mon manteau et commencent à le fouiller tandis qu’un autre me pose des questions : quel âge avez-vous ? 19 ans lui dis-je. Avez-vous un couteau sur vous ? Non lui réponds-je et des produits stupéfiants sur vous ? Non lui réponds-je encore. Pour m’impressionner, ce dernier dit alors « Oui ou non il faudrait savoir » ; le pauvre bougre était hors-sujet mais il ne s’en rendait pas compte.
Au même moment, une autre policière me prend ma carte de bus et appelle la centrale SNCF pour savoir si c’est ma carte (il y a la photo à côté et on me reconnaît nettement). Puis il me faut vider mon sac dans lequel il y a mes clés : cinq en tout : celle de chez moi, deux de la maison (paroissiale) Bonne Nouvelle et deux de l’église Sainte Thérèse. Il me demande à quoi servent-elles. Je lui parle de Bonne Nouvelle en face ; il me dit « maison paroissiale…euh… » puis je lui dis pour Sainte Thérèse ; il me dit une église…euh… Un collègue intervient et me demande « et qu’est-ce que vous faîtes avec la clé d’une église ? » « L ‘accueil » lui réponds-je. Puis il voit un exemplaire de La Croix : « qu’est-ce que c’est ? » Me demande t-il ? Un journal catholique lui dis-je. Il fait « aaah ».
Pendant qu’il me laisse ranger mes cours qu’il a sorti pour vérifier, il me demande mes papiers d’identité. Alors je lui tends mon agenda avec tous mes papiers ; il regarde mon permis puis ma carte de donneur de sang puis ma carte d’étudiant puis ma carte d’identité. Il les scrute avec attention puis me dit : 1991 mais vous m’avez dit avoir 19 ans ; vous en avez 20. Non lui dis-je ; je suis d’octobre. « Euh » me fait -il !
Pendant ce temps, celui qui fouillait mon manteau trouve un morceau de rameau que j’avais oublié n’ayant ressorti mon manteau en prévision de la pluie qu’hier. Ça se fume me demande t-il ? Non, lui dis-je. Alors qu’est-ce que c’est ? Je me vois obligé de lui parler des Rameaux et de Pâques ; de l’entrée à Jérusalem et de l’accueil avec des rameaux. A ce moment, je pense à « Seigneur, prends pitié ». On me rend ma carte de transport. Celui à qui je raconte cela fait « euh » puis me demande « vous n’avez pas affaire à la police ? Votre casier est vierge ? » Je lui réponds « j’espère bien sinon je ne pourrai plus aller visiter à Fleury (je fais exprès de rester évasif). Manifestement, mon interlocuteur ne comprend pas et me dit « vous pouvez partir » en ne me disant ni au revoir ni merci.
Tout cela n’a duré que quatre minutes mais ce furent les plus intenses de ma journée et tout est véridique dans ce récit. Et pourtant, c’est une succession des clichés que j’avais cru ne jamais voir possible. »


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