Ce vendredi 1er août à 19h14, les cloches des différentes églises de la plupart de nos villes sonnaient le glas, à la demande de l’Union nationale des combattants (UNC). L’occasion pour moi, outre de pester contre les églises de Savigny que je n’ai pas entendues sonner (leurs cloches), de me rappeler de mes arrières grands-pères.
Comme tous les Français valides de 18 à 40 ans, trois de mes ancêtres directs ont fait cette maudite guerre qui a ruiné l’Europe et l’a condamnée à renoncer à l’hégémonie mondiale. Heureusement, pour ma famille et pour mon existence, ils en sont tous revenus. Retour sur la vie de quatre Français d’une époque passée, qui ont répondu à l’appel de la France.
– Jean Pierre Joseph (appelé Joseph), né en 1870, père du père de ma mère
Trop âgé au début de la guerre pour monter au front, cet ouvrier agricole passé par nombre de petits métiers, ayant quitté l’Ardèche pour les Bouches-du-Rhône, travaillait dans les magasins d’armement de l’armée française. Il servira toute la guerre en arrière dans le soutien logistique à nos troupes.
– Jules, né en 1893, père du père de mon père
Ce futur chef de gare originaire du Doubs (Franche-Comté), fera la guerre de 1914 à 1918. Toute sa vie, il gardera une profonde détestation de la guerre, sujet tabou qu’il évoquera très rarement.
– Émile, né en 1896, père de la mère de ma mère
Ce cultivateur et ouvrier agricole marseillais (Bouches-du-Rhône) est parti au Front en 1914. Blessé en 1916 d’une balle logée entre la première vertèbre et la deuxième, qu’aucun médecin sérieux ne lui retirera jamais, il sera évacué à l’hôpital militaire puis aura droit à une permission de quelques semaines. Cela lui donnera droit à une citation à l’ordre de l’armée, à la médaille militaire et à la croix de guerre 1914-1918. Ne pouvant pas bouger son cou, il ne pourra pas se raser et sa famille ne le reconnaîtra pas à son arrivée, du fait d’une barbe rousse (dont j’ai hérité les reflets). Il repartira au front jusqu’en 1918. En 1985, il obtiendra par décret la Légion d’honneur et disait qu’il aurait préféré qu’elle ne lui soit pas obtenue par la gauche de MITTERRAND.

– Roger Camille (appelé Camille), né en 1897, père de la mère de mon père
Ce futur chef de gare, originaire du Jura (Bourgogne), fera aussi la guerre de 1914 à 1918 avec plusieurs périodes d’hospitalisations à cause de sévères gazages. Il en gardera des séquelles avec par périodes des gènes respiratoires (rien de grave). Ce qui ne l’empêchera pas de vivre jusqu’à 97 ans et de participer à la Résistance au cours de la seconde guerre mondiale ! Il ne demandera pas la Légion d’honneur, en partie pour les mêmes raisons que mon arrière grand-père Émile.
Si eux ont survécu, tel n’est pas le cas de 1/10ème de nos compatriotes de l’époque. Ceux-là sont morts pour la France, mais aussi pour des valeurs d’honneur et de liberté. Un sacrifice qui aujourd’hui nous paraît inutile à cause d’un mauvais traité de Versailles et d’une guerre encore plus cruelle 25 ans plus tard. Et qui pourtant était nécessaire contre la tyrannie impériale allemande et sa main-mise économique sur le contient.

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